Infirmière de nuit au CHU de Rennes, Marion Verdaguer anime ce site web de traduction qui améliore la prise en charge des patients.
Il n'a pas fallu longtemps à Marion Verdaguer pour comprendre combien la barrière de la langue pouvait poser problème à l'hôpital. Aux urgences de Pontchaillou, la jeune femme partage depuis quatre ans les difficultés des soignants à communiquer avec leurs patients en langue étrangère. Or, le temps presse quand la vie est en jeu. Marion Verdaguer, créatrice du site TraLELHo Migrants, étudiants Erasmus, touristes de passage, travailleurs détachés... L'hôpital est une Babel miniature où Google Translate facilite la vie mais ne décode pas toutes les subtilités des idiomes locaux, en swahili ou en mongol. Depuis que Marion Verdaguer a créé TraLELHo - "traduction pour les étrangers à l'hôpital" - les choses sont quand même plus faciles. Des fiches prêtes à l'emploi Gratuit et accessible à tous, www.tralelho.fr traduit les questions les plus souvent posées aux patients à leur entrée à l'hôpital. Et ceci dans pas moins de 105 langues parlées dans 195 pays à travers le monde. «Il manque encore les langues du Timor oriental, du Groenland et de nombreux dialectes africains», s'excuserait presque l'infirmière. Où avez-vous mal ? Ressentez-vous des palpitations ? Avez-vous des allergies ? Pour chaque pays, identifié par son drapeau, plus de cinquante phrases et questions sont traduites en anglais, espagnol, portugais mais aussi géorgien, khmer et cingalais. Au gré des demandes des médecins et des services, le site s'est enrichi. Des fiches complètes ciblées pédiatrie, radiologie, secrétariat et anesthésie sont aussi à disposition, prêtes à l'impression. « Quand on parle le même langage, on gagne du temps dans la prise en charge, les examens cliniques et les interventions. Patients et soignants se sentent plus rassurés ». Infirmière, mention informatique Outre la médecine, Marion Verdaguer maîtrise aussi le codage informatique. Elle a développé elle-même son site internet, épaulée par une armée de traducteurs bénévoles. Séduite par son engagement, une agence de communication web française l'a contactée pour passer à l'étape supérieure. L'infirmière veut créer une application mobile mais aussi augmenter le volume de traduction à 400 phrases ou mots dans chaque langue. «Le nouveau site sera réversible, ajoute-t-elle. On pourra traduire de toutes les langues vers n'importe quelle langue.» Les malades et les hôpitaux du monde entier pourront la remercier. Et « bravo», ça se dit comment en langage médical ? Reportage Olivier Brovelli