Depuis le 15 septembre 2018, la téléconsultation est accessible et prise en charge par l'Assurance maladie. La France a ainsi commencé à combler son retard par rapport aux autres pays dans le domaine de la télémédecine. Comment cela se passe-t-il ailleurs dans le monde justement ? Exemple aux Etats-Unis, plus précisément en Californie où cette pratique a été introduite il y a plus de 20 ans.
Si en France il est encore trop tôt pour mesurer les effets de la mise en place de la télémédecine en termes d'amélioration de la prise en charge, un petit tour à l'étranger peut être riche d'enseignements. Aux Etats-Unis par exemple, la télémédecine remonte aux années 90 et s'est peu à peu imposée comme un moyen de répondre à de nombreux défis de santé publique. Néanmoins, sur un territoire aussi vaste, avec des réglementations et situations propres à chaque Etat, difficile de faire un état des lieux général...
Exemple de la Californie
Elle a été l'un des premiers Etats américains à la mettre en place, en 1996, avec le Telehealth Development Act. Second cap législatif majeur en juillet 2006 avec le décret Health Information Technology initiative qui a alloué 240 millions de dollars pour l'informatisation du système de santé en Californie. Pour quels bénéfices ? Réduire les erreurs médicales, éviter les examens ou les traitements en double, avoir un dossier à jour et facile d'accès pour chaque patient quel que soit l'endroit où il est traité. Enfin, le 1er janvier 2012, le Telehealth Advancement Act a réactualisé la législation de 1996, afin de simplifier les processus donnant accès à la télémédecine et d'accompagner le développement des technologies de l'information dans le secteur de la santé.
Mis en place dès 1997, le CTEC (California Telemedicine and eHealth Center) est l’un des six centres fédéraux de télémédecine reconnus aux Etats-Unis. Il a vocation à identifier les meilleures pratiques, les technologies et les tendances émergentes de la télémédecine en Californie. Sur son site web, plutôt que des statistiques ou des études, l’organisme met en avant des "success story" en vidéo. Au pays d’Hollywood, les images et surtout les belles histoires sont souvent la meilleure des démonstrations… même quand il s’agit d’illustrer un sujet aussi sérieux que les bienfaits de la télémédecine ! On suit par exemple Bobbi, qui nous parle de son petit-fils Maurice atteint de paralysie cérébrale : le jeune garçon est régulièrement suivi par écran interposé par un neurologue de l'Université de Davis, ce qui évite à sa grand-mère de multiplier des trajets de 3 heures chaque semaine. La prise en charge globale comprend bien sûr aussi des visites "réelles", mais la téléconsultation facilite grandement la gestion des crises du patient et l’organisation de la famille.
Canal virtuel, soins réels
D'une manière générale, la télémédecine s’avère pertinente en psychothérapie et psychiatrie. 53 % de toutes les consultations de télémédecine enregistrées en Californie entre 2005 et 2017 concernaient la santé mentale, avec, en tête des pathologies, la dépression, les troubles bipolaires et la schizophrénie (1). Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces cas de figure où la relation humaine entre le patient et le médecin est à la base même du soin trouvent dans la consultation à distance de réels avantages, complémentaires aux soins en présentiel.
C’est en tout cas le constat fait au service pédiatrique de l’hôpital de Stanford à San Francisco (Stanford Children’s Health) qui a annoncé vouloir doubler le nombre de ses téléconsultations en 2019 (pour un bilan de 1 100 en 2018). Dans ce service, les téléconsultations rencontrent un grand succès auprès des enfants et adolescents suivant une thérapie comportementale : « en plus de pouvoir consulter leur médecin plus souvent, les jeunes apprécient par exemple de garder plus facilement le lien avec leur thérapeute une fois entrés à l’université, malgré l’éloignement géographique », précise dans un communiqué Vandna Mittal, directrice du service. Autre avantage du procédé, côté soignant cette fois-ci : la possibilité d’observer le patient dans son cadre de vie habituel et ainsi de mieux comprendre les facteurs externes qui peuvent influer sur son état.
Par ailleurs, une évolution récente du programme d’Etat Medicaid a permis d’étendre le remboursement des téléconsultations à tout ce qui concerne le traitement de la toxicomanie. A l’heure où la dépendance aux opioïdes fait figure "d’épidémie" en Californie et plus généralement Etats-Unis, la télésanté a en effet une carte majeure à jouer pour améliorer le suivi des patients souffrant d’addiction et éviter les rechutes.
Céline Collot
(1) Source : rapport de l’agence de presse Reuters, 28 novembre 2018.
La téléconsultation, comment ça marche ?
La téléconsultation permet de simplifier l’accès à un médecin pour des patients rencontrant des problèmes de mobilité ou des difficultés d’accès aux soins, notamment dans certains territoires. En pratique : le patient peut réaliser sa consultation depuis son domicile en se connectant sur un site sécurisé via un ordinateur, une tablette ou un smartphone, équipé d’une webcam et relié à internet. Il peut aussi être orienté vers une cabine ou un chariot de téléconsultation installé par exemple dans une maison de santé ou une pharmacie.