Bouger pour se sentir bien physiquement et moralement. Une priorité pour aller mieux, chacun à son rythme. Davantage intégré aux parcours de soins, le sport permet aussi de contourner les risques liés à la sédentarité, notamment chez les jeunes. Encouragements de l’Ordre des médecins et témoignage d’une future infirmière, déjà vice-championne olympique !
Dr Patrick Bouet
Pourquoi une convention entre le Conseil national de l’Ordre et le ministère de la Santé ?
En signant cette convention avec l'ex-ministre chargée des Sports, Roxana Maracineanu, lors de la session plénière le 8 octobre 2021, le Conseil national de l’Ordre des médecins s’attache à promouvoir les activités physiques et sportives comme facteur de santé. Il s’agit de développer une pratique sportive respectueuse de la santé et de l’intégrité des personnes, et de reconnaître la médecine du sport dans sa spécificité médicale.
L’engagement du CNOM et de l’ensemble de la profession est essentiel pour que le sport soit encore mieux intégré aux parcours de soins des patients en affection de longue durée, mais aussi pour lutter contre les risques inhérents à la sédentarité, notamment chez les jeunes.
À qui cette convention s'adresse-t-elle ?
Cette convention sera un outil pour les patients et aussi pour les médecins, en favorisant la reconnaissance de la médecine du sport et en clarifiant les conditions d’exercice de celle-ci au sein des structures sportives. La France accueillera entre autres les Championnats du monde de ski alpin et la Coupe du monde de rugby à XV en 2023 puis les Jeux olympiques et paralympiques en 2024. Cela nous est apparu comme un contexte favorable pour construire un héritage durable pour renforcer la place du sport dans la vie de chacun, y compris les plus éloignés de la pratique sportive, et pour sensibiliser aux bienfaits du sport sur la santé.
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Quels sont vos objectifs ?
Cette convention unit le ministère chargé des Sports et l’Ordre des médecins autour de trois objectifs majeurs.
D’abord, la promotion des activités physiques et sportives (APS) comme facteur de santé, la recommandation de l’APS par les médecins et le développement du recours à l’activité physique adaptée (APA) à des fins d’appui thérapeutique ou de prévention de la perte d’autonomie.
Ensuite, le développement d’une pratique sportive respectueuse de la santé, notamment par la lutte contre le dopage et les conduites addictives et contre toutes les formes de violences, notamment sexuelles.
Et enfin, la reconnaissance de la médecine du sport dans sa spécificité médicale et la clarification des conditions d’exercice de celle-ci au sein des structures sportives. Je me félicite, au nom du Conseil national de l’Ordre des médecins, de la signature de cette convention qui doit insuffler un nouvel élan aux activités physiques et sportives, enjeu majeur de santé publique.
Madeleine Malonga
Qu’est-ce que le sport vous a appris ?
Le sport m’a donné une certaine stabilité, de la rigueur et de la discipline. J’avais 14 ans quand je suis partie de chez mes parents, eux aussi dans le milieu hospitalier, et il m’a fallu être mature très rapidement. Le sport m’a offert ce cadre, des découvertes, et aussi une certaine gestion de moi-même et de la confiance. Il a été un accélérateur me projetant dans la vie future. Il a fallu grandir très tôt, j’ai connu très jeune des situations avec des échecs, des remises en question et des doutes. Autant de situations qui invitent à dépasser ses limites et j’ai bien conscience qu’aujourd’hui mes futurs collègues dans les services de soins en sont là aussi. Alors j’ai envie de leur partager quelques recettes pour aller mieux. D’abord se recentrer sur soi, ne serait-ce que deux minutes par jour, écouter ce que l’on ressent.
Se rendre compte que l’on est en colère, triste ou surmené peut être quelque chose de très positif. Sortir du mode automatique, où l’on n’est plus à même d’écouter ce que nous dit notre corps. On a tous besoin de moments de calme avec soi-même pour connaître ses envies, repérer ce qui pourrait nous faire plaisir, et le sport peut naturellement en faire partie.
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Comment envisagez-vous l’avenir entre le sport et vos études ?
Le sport m’a conduit à mettre ma formation entre parenthèses. Je suis en 2e année à l’IFSI de Saint-Maurice. Au retour des Jeux olympiques, qui ont été reportés et qui ont tout décalé, c’était un peu juste pour reprendre ma formation et réaliser des stages. Je serai en 3e année en 2024 et pour le moment, je me consacre au judo. La vie de soignante sera ma seconde vie, en « néonat » ou en psychiatrie, où l’on a besoin d’être sur le terrain et de s’y sentir bien. Coordonner ces deux passions n’est pas si simple et je suis finalement la 1re sportive de haut niveau à ne pas lâcher mes études d’infirmière, malgré les entraînements. J’ai un peu forcé le destin pour entrer en école, et je bénéficie d’une toute première convention qui me permet de me préparer à ce métier en restant sportive de haut niveau. Finalement j’aime autant me défouler sur un tapis et combattre, qu’être auprès des personnes et des enfants en particulier. Prendre soin me semble quelque chose de naturel, et après les podiums c’est la maladie que je les aiderai à combattre en restant aussi heureuse et épanouie. Un immense bénéfice de ma carrière sportive que je souhaite transposer dans la vie professionnelle.
Quel message adressez-vous aux soignants ?
Je veux saisir l’occasion de remercier l’ensemble du personnel soignant qui est vraiment dans une position pas évidente. Vous êtes des personnes essentielles pour nous tous. Merci pour votre travail, votre courage et votre abnégation.
Vous êtes de véritables héros !
Le palmarès de Madeleine Malonga : médaille d’argent aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021, championne du monde en 2019 et championne d’Europe en 2018 et 2020 dans la catégorie des moins de 78 kg.
Propos recueillis par Laurence Mauduit
*Source : ministère en charge des Sports