Plusieurs systèmes de santé étrangers ont opté pour une organisation des soins différente avec davantage de transferts de tâches des médecins vers les autres professionnels. Focus sur quelques exemples.
Les Nurse practicioners
Depuis 1960 en Amérique du Nord, 1980 en Grande-Bretagne, Irlande et Écosse, 1990 en Australie puis au Québec, en Nouvelle-Zélande, en Scandinavie, etc., des infirmières se voient confiées des tâches habituellement dévolues aux médecins, pour les soins de première ligne ou le suivi des patients chroniques1. Au Royaume-Uni, les nurse practicioners ou clinical nurses specialists n’ont ainsi pas attendu la Covid-19 pour vacciner, contre la grippe par exemple. Une étude menée dans douze pays montre les vertus de la pratique avancée : amélioration de l’accès aux soins, qualité identique des actes médicaux assurés par des médecins ou des infirmières (soins simples et suivi de routine d’une maladie chronique stabilisée), taux élevé de satisfaction des patients (notamment en raison du temps consacré à chaque patient par les infirmiers).
Les physician assistants
À l’instar des nurses practicionners, les physician assistants sont des professionnels de santé de niveau master, qui épaulent les médecins aux États-Unis depuis les années 1960 et, plus récemment, en Australie, Canada, Grande-Bretagne et Pays-Bas. Un modèle économique avantageux permet aux physician assistants de très bien gagner leur vie et de répondre aux enjeux de santé publique d’un pays souffrant de la pénurie de médecins et favorisant les professions de santé intermédiaires, avec le droit de diagnostiquer et de prescrire. Concrètement, les physician assistants travaillent sous la supervision du médecin et effectuent des tâches médicales et administratives : recherche des antécédents médicaux, réalisation d'un examen corporel, diagnostic et traitement de maladies et de blessures, prescription et interprétation d’examens de laboratoire, assistance lors d'interventions chirurgicales, surveillance post-réanimation et au cours des transferts, éducation à la santé, visites de suivi…
Les pharmaciens prescripteurs
Au Québec, depuis 2015, les pharmaciens d’officine ont de nouvelles responsabilités : prolongation d’ordonnance, prescription pour des situations ne nécessitant pas de diagnostic, prescription et interprétation d’analyses biologiques dans le cadre du suivi d’un traitement, ajustement, voire administration d’un traitement… Cette réponse à des enjeux de santé publique (difficulté à obtenir un rendez-vous médical, encombrement des urgences…) fait du pharmacien un acteur majeur des soins de premier recours et l’expert tout au long du parcours du patient. Elle renforce aussi l’adhésion au traitement et la sécurité du patient, mieux entouré et suivi. La prescription est notamment facilitée dans le domaine de la santé de la femme (contraception d’urgence, suivie de contraception hormonale pour trois à six mois, soins pour les nausées et vomissements liés à la grossesse, etc.). La prolongation d’ordonnances s’effectue sur une période équivalente à la prescription initiale, pour une durée maximale d’un an. Certains médicaments en sont exclus, comme les benzodiazépines ou les stupéfiants.
Suzanne Nemo