Le directeur général du CHU de Bordeaux, fin spécialiste des arcanes gouvernementales, salue la rapidité avec laquelle vont s’appliquer les nouvelles mesures du Ségur de la santé. En particulier les augmentations salariales sur les fiches de paie. Du jamais vu selon Yann Bubien. Il s’explique.

 

MNH : Au CHU de Bordeaux, quelle est la première traduction du Ségur de la santé inscrit dans le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2021 ?
Yann Bubien 
: Dans mon CHU, le salaire de plus de 12 000 personnes a été augmenté dès le mois d’octobre. Il s’agit très concrètement de 183 euros sur les fiches de paie. Ce n’est pas rien. La prime d’engagement de service public est aussi revalorisée, tout comme les carrières. Je pense notamment aux débuts et fins de carrière. Même chose pour les gardes des internes. Cela représente beaucoup de nouvelles dépenses décidées et mises en œuvre en un temps record. Elles correspondent à plusieurs millions d’euros par mois à l’échelle du CHU de Bordeaux. L’hôpital public renforce ainsi son attractivité car il a besoin d’attirer des médecins, soignants et paramédicaux. Il augmente aussi ses chances de les garder. La traduction immédiate de ces mesures financières me paraît donc à la fois réelle et inédite dans l’histoire des hôpitaux en France.

MNH : Voyez-vous d’autres avancées significatives en matière de ressources humaines ?
Y. B.
 : La simplification des postes de praticien hospitalier, par exemple, me paraît être une bonne chose. Il faut, en effet, que les services médicaux puissent s’adapter plus rapidement car l’activité peut être très variable. Cette mesure va permettre d’être beaucoup plus réactifs et d’embaucher un praticien hospitalier quand cela est nécessaire, sans attendre plusieurs mois. Nous éviterons d’autant le recours à l’intérim médical désormais mieux encadré. Cela offre plus de marge de manœuvre pour prendre des décisions au plus près des services qui en ont le plus besoin. Lorsque l’activité est là pourquoi se priver de la possibilité de recruter davantage ?

MNH : Quelle pourrait être la prochaine étape ?
Y. B. 
: Plutôt que de demander sans cesse de nouvelles réformes, et de modifier les textes, j’aimerais d’abord qu’on les applique et qu’on les évalue. Avant d’envisager l’étape suivante, allons déjà jusqu’au bout de la logique. En France, nous avons beaucoup de lois et peu de décrets d’application. Le Ségur de la santé va dans la bonne direction et j’aimerais aujourd’hui que l’on en applique toutes les dispositions. Nous analyserons ensuite les avantages et les difficultés que nous allons rencontrer. Je propose ainsi que nous en fassions un bilan tous ensemble dans quelques mois. Les hôpitaux souffrent d’inflation normative, il y a sans arrêt de nouveaux textes. Parfois nous n’avons pas le temps de les mettre en œuvre. Nous avons une bonne réforme, donnons-nous d’abord les moyens de la faire aboutir.

Propos recueillis par Laurence Mauduit

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