Former d’ici 2030 près de 750 000 secouristes en santé mentale, tel est le projet porté par l’association PSSM France (Premiers secours en santé mentale) depuis 2019. Eva Mazur, formatrice accréditée, explique en quoi les premiers secours en santé mentale peuvent faire la différence et pourquoi ils ont toute leur place même à l’hôpital.

Vous êtes formatrice en PSSM, pourtant votre parcours professionnel ne s’est pas fait dans le monde de la santé…
Eva Mazur :
Oui, effectivement. Je suis juriste et je suis formée en sophrologie. J’ai travaillé avec des femmes victimes de violence et en prison et, depuis quelques années, je suis cheffe de projet pour le média en ligne L’Optimisme. J’ai ensuite suivi une formation de secouriste en santé mentale pour apprendre à transmettre les réflexes à adopter dans des situations d’urgence.

En quoi consistent ces premiers secours ?
E. M. :
Il s’agit d’un soutien initial que l’on apporte à une personne qui développe un problème de santé mentale, dont les symptômes s’aggravent ou qui traverse une crise, que ce soit en raison de troubles dépressifs, anxieux, psychotiques ou encore liés à la prise de substances. La formation aide à repérer les signes d’une souffrance psychologique et propose de travailler sur nos représentations et croyances dans le champ de la santé mentale. On y donne aussi un plan d’action pour évaluer une situation, écouter la personne, la réconforter et l’informer, puis l’orienter ensuite vers les structures ou les professionnels appropriés pour sa prise en charge.

Concrètement, dans quels cas les secouristes peuvent-ils intervenir ?
E. M. :
Cela peut être une voisine qui ne va pas bien et a des intentions suicidaires, un collègue très anxieux, un neveu étudiant qui montre des signes de repli social… Au sein de l’équipe de L’Optimisme, nous nous sommes formés suite à de nombreux mails réceptionnés au moment du premier confinement. Beaucoup de managers ou de responsables RH nous faisait part de leur stress, de leur perte de sens et nous ne savions pas comment y répondre. Nous manquions de connaissances et de réflexes. Devenir secouristes nous a permis d’apporter des pistes à ces personnes, sans nous laisser déborder nous-mêmes. Dans un second temps, j’ai souhaité devenir formatrice moi-même, pour participer davantage à la diffusion d’une culture de la santé mentale.

Les formations aux PSSM sont-elles ouvertes aux soignants ?
E. M. :
Parmi les stagiaires, on retrouve des profils très variés : des personnes issues du monde de l’entreprise, du milieu associatif, des enseignants et aussi des professionnels du soin. Ce n’est pas en deux jours de formation qu’il est possible de devenir experts en santé mentale, mais cela permet de donner une base solide, qui peut correspondre à des besoins qui se font ressentir à l’hôpital. Tous les soignants ne sont pas outillés pour réagir, que ce soit face à leurs collègues en souffrance ou face à un patient qui montre des signes d’anxiété ou de dépression.

Propos recueillis par Lisette Gries

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