Pour prêter main-forte aux équipes en difficulté au plus près de l'épidémie, des infirmiers bretons n'ont pas hésité à rejoindre l'Ile de France. Trois d'entre eux expliquent ce choix pour sauver des vies. Coup de chapeau !
Quentin, Aurélie et Cynthia appartiennent à ce bataillon de personnels soignants volontaires. Une décision prise en deux minutes avec 48 h à peine pour s’organiser. « En Bretagne, l’activité était au ralenti puisque nous sommes pour l’instant peu touchés par l’épidémie. La question ne s’est donc pas posée longtemps. Il s’agit d’aider nos collègues qui font énormément d’heures et qui nous ont accueillis à bras ouverts, » témoigne Quentin, 26 ans, infirmier en salle de réveil.
À Morlaix, Aurélie 40 ans, infirmière coordinatrice des blocs opératoires à la clinique Sainte-Marie affirme « qu’en l’absence de patients en réanimation Covid, l’activité était vraiment très calme dans son établissement qui travaille en étroite collaboration avec l’hôpital où un centre de médecine Covid ne recense que de très rares cas. »
Même impatience pour Cynthia, 43 ans responsable adjointe des unités de soins de la clinique de la Baie à Morlaix, confinée à la maison la semaine dernière. Alors, ils ont spontanément sauté dans un TGV depuis leur Bretagne natale pour aller prêter main-forte à leurs collèges submergés de travail en Ile-de-France. De mémoire de soignants bretons, pas de potion magique contre ce satané virus, mais comme plus de 200 de leurs collègues infirmiers, ils ont traversé la France cette semaine pour combattre le Covid-19 et sauver le plus de vies possible.
Élan de solidarité sans précédent
Comme plus de vingt professionnels de santé bretons ils sont partis de Morlaix et de Rennes : Infirmières spécialisées en réanimation, en service de soins, infirmières de bloc mais aussi aides-soignantes et préparatrices en pharmacie, ils n’ont pas hésité a quitter leurs familles et leurs établissements. Quentin, Aurélie et Cynthia ont pris la direction du centre hospitalier privé de l’Europe à Port Marly pour accueillir des patients que les hôpitaux publics submergés, ne sont plus en capacité de soigner faute de place. Ils ont démarré ensemble une première nuit de travail le soir même, après un accueil chaleureux par leurs collègues exténués.
« Des choix pas faciles, nous avons tout laissé derrière nous, mais ce n’était pas concevable de laisser des collègues en difficulté par faute de moyen notamment humains. » Quentin, Aurélie et Cynthia
Au centre hospitalier privé de l’Europe à Port Marly, les patients infectés arrivent directement avec le SAMU au rythme des régulations pour gérer le nombre de places. Et de la place, il a fallu en faire rapidement. Des unités de soins conventionnels ont été totalement réorganisées et dédiées à la réanimation Covid. « La seule différence avec d’autres services de réanimation, ce sont les moyens de protection dont nous disposons : Masques, gels, matériels, c’était notre seule et unique condition avant le départ » confirment d’une même voix Cynthia et Aurélie, chacune maman de deux enfants dont les papas s’occupent désormais. « Aujourd’hui nous sommes en nombre, cinq infirmières et deux aides-soignantes pour neuf patients covid+, » précise Cynthia qui a retrouvé très rapidement les bons gestes.
Retour des bons réflexes
« Avant de rejoindre la clinique de la Baie il y a trois ans, j’ai passé quinze ans en service de réanimation du CHU de Reims. En arrivant, j’ai donc tout de suite rejoint ce service. J’avais un peu d’appréhension, mais dès la première demi-heure tous les réflexes revenaient très vite et je me suis assez rapidement sentie à l’aise dans la prise en charge des patients, » ajoute-t-elle. Quentin vient lui de faire sa première nuit en unité de soins continus et se prépare pour les suivantes en service de réanimation Covid. Formé en CHU, il ne rencontre pas de difficulté face à ces patients plus lourds avec des gestes un peu plus techniques que d’habitude. Un formidable élan de solidarité entre équipes avec la fourniture de tout le matériel disponible dans ces établissements des pays de Loire et de Bretagne. Une parfaite gestion logistique, pour une aventure professionnelle et humaine hors norme. Hébergements, transport, taxis pour faciliter les allers et retours de jour comme de nuit. Quentin, Aurélie et Cynthia étaient prêts à tout, pour combattre cette épidémie sans précédent.
Laurence Mauduit