En 2017, l’équipe du bloc opératoire du CHU de Strasbourg s’est lancée dans une initiative éco-responsable. Depuis, le projet prend de l’ampleur et se structure. Au programme, notamment : changement des gaz anesthésiants, tri des déchets, meilleure gestion des stocks, recyclage… Présentation de cette démarche très fortement mobilisatrice.
« Tout est parti de l’initiative du Dr Juliette Marcantoni, anesthésiste, venue me voir pour m’exposer son projet, raconte le Pr Patrick Pessaux, chef de service de chirurgie viscérale et digestive au CHU. En tant que membre du comité de développement durable de la Société française d’anesthésie et de réanimation (SFAR), elle m’a demandé si j’étais d’accord pour que le bloc devienne pilote dans une démarche de développement durable. » Le projet était lancé !
Première étape : le Pr Pessaux sollicite l’accord des infirmières du bloc opératoire et des cadres pour participer au projet. « Je reconnais avoir quelque peu appréhendé leur réaction, car elles ont déjà énormément de travail. Je ne voulais pas en rajouter. Mais elles ont été très enthousiastes à l’idée et font vraiment partie de l’engagement », se félicite-t-il.
Une mobilisation multidimensionnelle
Les premières actions ont été lancées par l’équipe d’anesthésie qui a changé les gaz anesthésiants – forts émetteurs de gaz à effets de serre – contre d’autres moins impactants. « Un gaz n’est pas égal à un autre. De fait, un tel changement démontre l’investissement de l’équipe qui a dû revoir ses protocoles et ses réglages », observe le Pr Pessaux. Le recours à du matériel plastique dans la préparation des médicaments a également été réduit. De même, « les seringues ne sont plus préparées à l’avance pour gagner du temps, afin d’éviter le gaspillage de médicaments », fait-il savoir.
Plus globalement, au niveau de l’ensemble du bloc, les équipes ont mis en place des filières de tri des déchets, notamment des métaux « afin de récupérer les lames en acier, les bistouris électriques, les emballages de fils chirurgicaux revendus à des ferrailleurs », rapporte le professeur avant d’ajouter : « Lorsque nous avons mis en place l’initiative, la direction nous a demandé d’effectuer une étude médico-économique afin de s’assurer que la démarche ne coûte pas à l’établissement. Le développement durable repose sur trois piliers – économique, social et environnemental. Nous cherchons à travailler sur les trois. »
Depuis, d’autres actions se sont développées : mise à disposition, environ une fois tous les quinze jours, d’une infirmière de bloc à la gestion du stock afin d’éviter que les dispositifs médicaux ne périssent et ne soient jetés, vaisselles réutilisables pour les patients en ambulatoire, tenues de bloc en coton et non plus jetables, recyclage du papier (hors documents confidentiels), co-voiturage encouragé, mise en place d’un parking à vélo et de véhicules électriques pour se déplacer d’un site à l’autre…
Consolidation en cours
Face à toutes ces initiatives, l’heure est désormais à la structuration de la démarche. Un comité de pilotage à l’échelle de la direction a été mis en place à l’automne 2019. En raison de la crise sanitaire, il n’a pas pu se réunir régulièrement avant avril 2022, date à laquelle il a été décidé d’instaurer une politique institutionnelle de développement durable. Étape suivante : cartographier les initiatives déployées au sein des Hôpitaux universitaires de Strasbourg dans le domaine du développement durable. « Notre prochain objectif sera d’effectuer notre bilan carbone et de mesurer l’impact de nos mesures », conclut le Pr Pessaux.
Laure Martin