Sophie Pougnand est psychomotricienne au pôle de gérontologie clinique du CHU de Bordeaux. Elle partage son temps entre l’Unité de soins de longue durée (USLD) et l’Ehpad de cet hôpital.
Depuis deux ans, après une reconversion professionnelle, Sophie Pougnand est ravie de son choix : elle constate chaque jour l’utilité de son métier auprès des patients.
En quoi consiste la rééducation psychomotrice ?
Sophie Pougnand : Il s’agit d’aider les patients à retrouver l’équilibre entre le physique et le mental malgré leurs difficultés dues à une maladie ou un handicap. Nos méthodes, complémentaires de la kiné et de la psychologie, s’appuient sur la perception du corps et de son environnement. Cela passe par l’organisation d’ateliers variés, qui dépendent des besoins et des capacités de chacun : dessin, massage…
Contrairement à ce que croient certains, nous ne faisons pas que du bien-être ou de l’animation : toutes les activités proposées ont un but thérapeutique. Ainsi, pour inciter un patient à conserver ses capacités de déplacement, je l’emmène dans le jardin et l’encourage à ressentir la texture du sol, les bruits, le vent, les odeurs… Le plaisir qu’il en retire augmente sa motivation à se promener. Autre exemple : quand les résidents participent à la préparation de repas, ils travaillent leur motricité fine et leur autonomie, tout en étant en situation d’être valorisés et de se sentir encore utiles.
La quinzaine de psychomotriciens du CHU de Bordeaux intervient à tous les âges de la vie. On les trouve en néonatologie, pédiatrie, psychiatrie, addictologie, réanimation, soins palliatifs…
Souffrez-vous d’un manque de reconnaissance ?
S. P. : Moins maintenant. Ce métier est récent et peu de gens savent qu’il faut quatre années d’études pour être diplômé. Je dois souvent expliquer ce que je fais et pourquoi. Mais de plus en plus de médecins ont conscience des résultats que permet d’obtenir la rééducation psychomotrice.
Avez-vous eu un rôle différent avec la Covid-19 ?
S. P. : Cela a surtout été plus intense. Nous avons eu quelques clusters. Surtout, il a fallu lutter contre les effets de l’isolement. Pour des patients qui, comme ceux de notre Ehpad, sont atteints d’une maladie de type Alzheimer, il y avait un fort risque de décompensation neurodégénérative ou psychologique avec l’arrêt des visites, des activités collectives, des animations et des promenades. C’est pourquoi, même si nous devons porter une tenue de protection intégrale, nous redoublons d’efforts pour les stimuler par des activités individuelles.
Émilie Tran Phong