Le sport santé et le sport sur ordonnance s’affichent comme des priorités de santé publique. Si les intentions sont louables, le bilan, qui dépend des initiatives locales, est mitigé.
Les médecins traitants peuvent « prescrire » de l’exercice physique à leurs patients souffrant d’une affection de longue durée* depuis le vote de la loi de modernisation du système de santé le 26 janvier 2016 (et le décret du 1er mars 2017). Il s’agit du sport sur ordonnance (SSO), à distinguer du « sport santé », pratique sportive pour tous et en particulier ceux qui n’en pratiquent plus ou peu et souhaitent reprendre (ou débuter) une Activité physique adaptée (APA). Les vertus de l’APA sont nombreuses dès lors qu’elle est pratiquée régulièrement, c’est-à-dire 20 minutes à une heure par jour : réduction de 50 % du taux de récidive du cancer du sein ou du cancer de la prostate, réduction des risques d’infarctus et d’AVC (et de récidive) de 25 à 40 %, prévention de la dégénérescence cognitive, ralentissement de la perte de la capacité respiratoire en cas de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou d’asthme... Les sports adaptés allient endurance (marche rapide, cyclisme, natation, vélo dans l’eau…), renforcement musculaire (gymnastique, pilate…), coordination et équilibre (tai-chi, yoga, danse…).
20 minutes de sport par jour suffisent à réduire le risque d’infarctus, d’AVC et de récidive de certains cancers.
Un dispositif complexe
Si le principe est excellent, dans les faits, le dispositif, très médiatisé lors de son lancement, s’avère encore peu adapté : les médecins doivent évaluer l’état de santé des patients, remplir un formulaire spécifique – démarche chronophage – et les orienter vers les acteurs identifiés par le décret (éducateurs sportifs, kinésithérapeutes, psychomotriciens ou ergothérapeutes…). Ces derniers sont rassemblés en Maisons Sport-Santé. Ces structures multiformes sont abritées par une association ou un club sportif, un hôpital, un cabinet de kinésithérapie, un établissement sportif ou même par une plateforme digitale, autant de modes de financement différents. Or, si la « prescription » est le principe du sport santé, pour les patients, le décret ne prévoit pas la question de la prise en charge financière de l’APA, laissant au privé et aux collectivités territoriales le soin de s’organiser. Quelques mutuelles proposent à leurs adhérents des programmes sportifs ou des remboursements de cours APA. Quant aux collectivités, elles sont de plus en plus nombreuses à suivre l’exemple des villes de Strasbourg, Biarritz ou de Blagnac en prenant en charge les séances sportives, souvent sur la base d’une tarification solidaire (participation demandée en fonction du coefficient familial).
Suzanne Nemo
* Un amendement à la loi Sport, présenté à l’Assemblée nationale le 17 mars 2021, propose d’élargir le SSO aux patients souffrant de pathologies chroniques (diabète, obésité, hypertension, dépression…).