De nombreux médecins hospitaliers partagent leur savoir-faire en mission humanitaire à l’étranger. Pourquoi s’engagent-ils ? Et comment le font-ils ? Chirurgienne pédiatrique à l’hôpital Necker-enfants malades (Paris), Dr Naziha Khen-Dunlop collabore avec La Chaîne de l’Espoir en Afrique de l’Ouest. Elle témoigne.

Comment est né votre engagement ?  
Naziha Khen-Dunlop : J’ai croisé le chemin de l’association lors de mon internat. Mais je ne pars sur le terrain que depuis cinq ans. Malgré ses dysfonctionnements, notre système ne va pas si mal. C’est un privilège. J’ai la chance de travailler dans de bonnes conditions, d’exercer mon métier avec de la technologie de pointe. J’avais besoin de rendre un peu de ce qui m’a été donné. 

Quelle est la nature de vos missions ?
N. K.-D. :
J’aide à former les chirurgiens et leurs équipes des cinq principaux centres hospitaliers de Côte d’Ivoire, Sénégal, Bénin et Guinée, en particulier à la chirurgie mini-invasive par laparoscopie. Avec de la théorie et beaucoup de pratique. Tout est organisé à l’avance, notamment le recrutement des patients par l’équipe locale. Nous opérons une vingtaine d’enfants atteints de pathologies viscérales et thoraciques pendant quatre ou cinq jours. Les hôpitaux sont bien équipés, quoique limités en produits “consommables”. 
Nous avons d’ailleurs pour règle de voyager avec peu de matériel afin de travailler dans les conditions habituelles des équipes sur place.
Durant le séjour, il ne s’agit pas prioritairement de réaliser des opérations d’urgence – même si bien sûr cela arrive parfois. Notre objectif est avant tout de transmettre des savoirs, des gestes et des pratiques. 

Comment conciliez-vous vos missions avec votre agenda professionnel ?
N. K.-D. :
L’hôpital public est très facilitateur. Les personnels de santé peuvent participer à des actions de coopération internationale humanitaire une dizaine de jours par an, sans perte de salaire. Quand je pars en mission, je prends un congé “enseignement”. C’est du temps de travail délocalisé qui contribue par ailleurs à l’aura de l’institution et de la médecine française.
Par ailleurs, l’hôpital Necker-enfants malades est une structure suffisamment grande pour organiser une continuité de service en mon absence.  
Le reste de l’année, je garde du temps pour les réunions de suivi mensuelles en visioconférence avec les collègues africains.

Que retenez-vous de de vos missions ?
N. K.-D. :
Ce sont des moments toujours très riches en rencontres, en émotions. C’est parfois difficile, mais souvent joyeux. Les différences culturelles s’estompent vite dans le partage d’un objectif commun. Naturellement, j’ai le sentiment d’être utile. Mais j’apprends beaucoup en retour. Je me retrouve confrontée à des situations médicales plus lourdes et inhabituelles, des pathologies plus évoluées qu’en France – donc plus difficiles à opérer. 

Quels conseils donneriez-vous à des soignants qui hésiteraient à se lancer ?
N. K.-D. :
Il ne faut pas avoir de scrupule à commencer dans un certain confort. Tout le monde n’a pas l’âme d’un baroudeur, ni le goût de la médecine de guerre. Mais chacun peut être utile.
Ne culpabilisez pas si l’on vient vous chercher en taxi à l’aéroport pour travailler dans un “vrai” hôpital ! L’important, c’est de donner. Avec le temps, on donne de plus en plus.
Une grande capacité d’adaptation et beaucoup d’humilité sont nécessaires. Car il manquera toujours quelque chose : l’instrument ad-hoc, la bonne taille de gant, d’aiguille… Et il faudra quand même faire le mieux possible. 

Propos recueillis par Olivier Brovelli


Si vous aussi vous souhaitez vous engager dans une mission bénévole, rendez-vous sur le site de La Chaîne de l’Espoir : www.chainedelespoir.org

 

nazika
Dr Naziha Khen-Dunlop 

 

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