Spécialistes de la prévention du risque infectieux et des maladies nosocomiales, les hygiénistes interviennent dans les établissements sanitaires et médico-sociaux. Face à la Covid, ils sont une ressource précieuse pour la sécurité des patients comme des professionnels.

 

 

La crise les a mis en lumière. Le médecin et l’infirmier hygiénistes1 supervisent les méthodes de travail et les techniques de soin, comme la surveillance et l'isolement des patients infectés. Ils établissent des protocoles et contrôlent les techniques de désinfection du matériel de soin, la qualité de l'environnement, la politique d'hygiène des mains et le respect des précautions standard par tous les personnels, qu’ils sensibilisent et forment. Ils font des analyses a priori et a posteriori des événements infectieux.

 

« On a compris à quoi on pouvait servir »


Pendant la crise, les hygiénistes ont particulièrement été sollicités pour définir les protocoles d’habillage et déshabillage dans les chambres Covid, vérifier les stocks d’EPI (Equipements de protection individuelle) et pallier la pénurie en validant des solutions dérogatoires (surblouses, gants…), mais aussi rassurer les équipes dans la mise en place de leurs protocoles. « On nous prenait pour des empêcheurs de tourner en rond, répétant en boucle les mêmes consignes sur l’hygiène des mains, l’absence de bijoux aux mains et aux poignets, comment et quand porter les EPI …Tout à coup, on a compris à quoi on pouvait servir », remarque Evelyne Boudot, cadre infirmier hygiéniste qui a longtemps travaillé avec l’équipe opérationnelle d’hygiène du CHU de Montpellier avant d’intégrer le Centre d’appui régional de prévention des infections associées aux soins (CPIAS). Infirmière de bloc opératoire quelques années, elle reconnaît que sa fibre hygiéniste y a été particulièrement stimulée : « j’étais sensible au risque infectieux et aimais l’anticiper, le prévenir, l’expliquer. La plus-value de l’hygiéniste est d’être au plus près du secteur et de faire avancer tout le monde vers le même objectif : la lutte contre le risque infectieux »

 

Une équipe mobile pour les Ehpad


Dans les établissements médico-sociaux, les hygiénistes dépendent d’un centre hospitalier (équipes mobiles) ou du CPIAS. Ainsi, au 1er mars, Pascale Chaize, vice-présidente de Société Française d’Hygiène Hospitalière, cadre infirmier et hygiéniste au CHU de Montpellier, a participé à la création d’une équipe mobile d’hygiène pour intervenir dans le secteur médico-social auprès des Ehpad. L’arrivée de l’EMH a permis une prise en charge plus exhaustive de la prévention du risque infectieux au niveau des formations, des protocoles, de l’aide à l’amélioration du Dari (Document d’analyse du risque infectieux) obligatoire au 31/12/2018, cependant non établi dans certains Ehpad : « l’action des hygiénistes dans le médico-social date d’une dizaine d’années retrace Pascale Chaize. Il est vrai qu’elle a été davantage appliquée dans les « services nobles », qu’en Ehpad où même si les soignants ont bien reçu la même formation, existe parfois un peu le sentiment qu’ici « c’est comme à la maison ». Comme à la maison, pour le résident certes, mais pas pour les soignants qui doivent respecter les protocoles. »

 

Soutien aux établissements


Les hygiénistes constituent une ressource précieuse pendant la crise : «Les recommandations se concentrent sur l’essentiel : le port conforme des EPI, le renforcement de l’entretien des locaux communs (objets relais : mains courantes, interrupteurs, boutons d’ascenseur et poignées), l’approvisionnement en produits d’entretien virucides, l’aération des locaux, la sectorisation des soignants, la sectorisation des résidents lorsque possible… » Parlera-t-on d’un avant et après Covid, avec une attention et des moyens alloués à l’hygiène supplémentaires ? « J’espère que les bons gestes (tousser dans son coude, l’hygiène des mains…) vont perdurer, commente Evelyne Boudot. Mais, même après une pandémie ou une catastrophe… tout s’oublie. Certaines pathologies ont été éradiquées, elles reviennent lorsque la population se vaccine moins. La tâche est toujours à reprendre. »

Suzanne Nemo

1- Ils possèdent généralement un Diplôme Universitaire « hygiène hospitalière et gestion de la contagion » ou « hygiène hospitalière et infections associées aux soins ». Il peut s’agir aussi d’un pharmacien hospitalier, d’un technicien, un ouvrier…

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