Durant les mois d’hiver, certaines personnes ressentent des symptômes de dépression saisonnière, surtout si leur rythme de travail les empêche de voir le jour. La luminothérapie est alors un traitement naturel et efficace pour retrouver l’équilibre.
Alors qu’en été la luminosité peut atteindre 100 000 lux (unité de mesure de la lumière), en hiver, elle descend jusqu’à 500 lux tandis que l’éclairage classique des logements ne dépasse pas 100 lux. Ce manque de lumière affecte la sécrétion de sérotonine et de mélatonine dont le rôle dans la régulation de l’humeur et de l’horloge biologique est essentiel. « Fatigue, somnolence, baisse d’énergie, envie de sucre ou d’alcool, prise de poids, frilosité et humeur maussade sont les principaux symptômes de la dépression saisonnière, également appelée TAS (trouble affectif saisonnier). Les femmes sont plus touchées que les hommes, surtout après 40 ans », souligne le Dr Patrick Lemoine, psychiatre spécialiste du sommeil, auteur du livre Soigner sa tête sans médicaments… ou presque.
5 % de la population française souffre de dépression saisonnière, et 10 % dans les pays du Nord.
Reproduire la lumière du soleil
Pour compenser ce déficit, on peut profiter du moindre rayon de soleil pour sortir, partir en vacances à l’autre bout du monde ou s’exposer tous les jours à une lampe de luminothérapie qui diffuse une lumière blanche très forte, tout en filtrant les infrarouges (IR) et les ultraviolets (UV) nocifs. Françoise, psychiatre, utilise cette technique. « Mon appartement est sombre, mais heureusement le cabinet où je reçois mes patients est ensoleillé, et durant les mois de confinement, je travaillais dans un CMPP* entouré d’un grand jardin. L’hiver, je pratique des séances de luminothérapie avec un écran ou des lunettes pour garder la pêche. » Cette thérapie est efficace également pour traiter le dérèglement de l’horloge biologique qui perturbe le sommeil (jet-lag, travail de nuit…)
Des séances à l’hôpital ou à domicile
Certains hôpitaux ou cliniques proposent la luminothérapie à leurs patients et parfois également aux soignants, comme le groupe Ramsay Santé qui a équipé 24 de ses établissements spécialisés en santé mentale. On peut aussi acheter une lampe dans le commerce pour des séances à domicile. Il est recommandé de s’exposer tous les matins au réveil, trente minutes pour une lampe puissante (10 000 lux), une heure pour une lampe qui diffuse 5 000 lux. À environ cinquante centimètres, les yeux ouverts, mais sans regarder la lumière de face, on peut ainsi boire son café, lire ou travailler… « Les effets bénéfiques se font sentir dès la première semaine, mais il faut continuer pendant au moins un mois, puis adapter la durée des séances en fonction de ses besoins et de la météo », recommande le Dr Patrick Lemoine. La luminothérapie est contre-indiquée en cas de problèmes ophtalmologiques.
Isabelle Gonse
*CMPP : Centre médico-psycho-pédagogique
Pour s’équiper
• 100 à 400 €, c’est le prix d’un dispositif de luminothérapie de bonne qualité. Le marquage CE médical est une garantie de qualité et de sécurité pour la rétine.
• Compter environ 230 € pour La Luminette®, une paire de lunettes qui diffuse une lumière blanche enrichie en bleu. Elle donne les mêmes résultats qu’une lampe à 10 000 lux, peut se porter par-dessus les lunettes ou les lentilles.
La luminothérapie pour toutes les dépressions ?
Alors que la première étude sur la luminothérapie dans la dépression saisonnière remonte à 1984, une méta-analyse publiée fin 2019 pourrait étendre son utilisation. Incluant 400 patients souffrant de dépression sévère, traités pendant cinq semaines (durée médiane), elle montre en effet que la luminothérapie est aussi efficace que les antidépresseurs pour traiter les épisodes dépressifs majeurs. Sans les effets indésirables et pour un coût nettement moindre ! De plus, la combinaison des deux est supérieure aux médicaments seuls.