Soins personnalisés, prothèses sur-mesure, greffes de tissus synthétiques, praticiens mieux entraînés. L’impression 3D bouscule l’univers médical et la pratique de la médecine, toujours au service du patient.
En 2015, un jeune Américain né avec un bras sous-développé, recevait des mains de l’acteur Robert Downey Jr. - qui joue le personnage d’Iron Man - une prothèse de bras aux couleurs de son superhéros. Une prothèse produite par Limbitless Solutions, une équipe d'ingénieurs qui travaille à créer par impression 3D des prothèses sur mesure et peu coûteuses.
Depuis à peine une dizaine d’années, le domaine médical s’intéresse de près à cette technologie, appelée aussi fabrication additive. « On est rentré pleinement dans l’ère de la personnalisation des dispositifs médicaux, s’enthousiasme Gaël Volpi, président de la société 3D Medlab. Nous pouvons passer directement du modèle numérique 3D au modèle 3D anatomique physique du patient en gardant une très bonne précision, qu’il serait très difficile d’obtenir via des techniques de fabrication traditionnelles.» Son entreprise s’est spécialisée dans l’impression 3D de prothèses orthopédiques, maxillo-faciales et cardiaques répondant aux besoins spécifiques des cliniciens. Dans des cas de morbidité, l’implant personnalisé est le seul dispositif pour répondre aux besoins du patient. Du sur-mesure qui a cependant un coût en ingénierie reconnait-il. « Mais grâce à l’intelligence artificielle, nous pouvons réduire ces coûts en choisissant dans une gamme numérique le produit le plus adapté au patient.»
S’entraîner avant une opération délicate
Un autre pan prometteur de la fabrication additive est de permettre aux médecins de s’entraîner avant une opération délicate. La startup française Biomodex, par exemple, développe des modèles anatomiques imprimés en 3D. A travers une plateforme en ligne, le médecin peut envoyer des images médicales de son patient, issues de scanners, IRM ou échographie et quelques jours plus tard, recevoir l’organe synthétique sur lequel il peut s’entraîner et choisir la stratégie opératoire.
L’impression 3D fait aussi sortir les chercheurs de leur laboratoire. A l’image de Fabien Guillemot, ancien chercheur à l’Inserm qui a créé en 2014 la société Poietis, spécialisée dans la bio-impression. Cette technologie permet, à l’aide d’imprimantes laser adaptées au vivant, de déposer des cellules et des biomatériaux couche par couche pour créer des structures cellulaires ayant les mêmes propriétés que les tissus naturels.

Une impression de peau réalisée par la société de bio-impression Poietis. Photo DR.
Un premier essai clinique de peau bio-imprimée
Il y a plus d’un an, Poietis s’est associée avec l’AP-HM pour réaliser un premier essai clinique de peau bio-imprimée pour des grands brûlés ou des personnes souffrant de plaies traumatiques. « L’idée est de prélever une biopsie du patient dont seront extraits différents types cellulaires de la peau, multipliés en salle de culture cellulaire avant d’être imprimés en échantillon de peau qui sera greffé au patient,» explique Fabien Guillemot. La bio-impression est en plein développement. Mais il faudra encore un peu de patience pour reproduire un organe entier avec toute sa complexité biologique.
Olivier Donnars