Migraines, douleurs chroniques, addictions, anxiété, énurésie, stress post-traumatique… Face à plusieurs pathologies ou symptômes que l’allopathie a du mal à soulager, l’hypnose médicale présente des bénéfices de plus en plus plébiscités par les patients.
Les autorités sanitaires l’admettent : l’hypnose est efficace dans le traitement du syndrome de l’intestin irritable et en anesthésie. D’ores et déjà, des coloscopies ou opérations du canal carpien sont réalisées sous hypnose, sans anesthésiant. Mais les indications de l’hypnose s’étendent à d’autres aires thérapeutiques. Médecin près de Tours, le Dr Michel Alibert s’est formé à cette pratique : « J’allie la médecine générale à l’hypnose médicale, qui est un bon complément pour traiter des pathologies aptes à être soignées par la chimie mais au prix d’effets secondaires parfois gênants ; angoisses, phobies, troubles du sommeil, du comportement alimentaire, deuil, addictions… ». En trois ou quatre séances, les patients peuvent sentir une nette amélioration ; certains anxieux arrêtent même la prise d’anxiolytiques, selon le généraliste. Toutefois, les résultats dépendent de la relation avec le soignant : le patient doit se sentir écouté et en confiance.
L'art du thérapeute consiste à amener le patient vers cette expérience de lâcher-prise.
Un état de conscience modifié
En pratique, comment l’hypnose opère-t-elle ? Le Dr Alibert réalise des « inductions » rapides, qui mettent le patient dans un « état de conscience modifié », qui n’est pas du sommeil. « Je raconte alors une histoire émaillée de métaphores qui modifie la perception du symptôme. » Exemple : une sensation de pieu s’enfonçant dans la tête chez un migraineux est transformée en une sensation moins violente, moins invasive, neutre voire agréable, en introduisant un ressenti ou une image de légèreté, de douceur.
Une séance d’hypnose dure 30, 45 minutes ou une heure, selon les praticiens
Une charte éthique pour les soignants formés
« Le symptôme qui amène le patient à consulter est un indicateur qui nous invite à revoir notre mode de fonctionnement, expose Pascale Chami*, psycholoque clinicienne et hypnothérapeute, qui enseigne l’hypnose dans deux hôpitaux parisiens. Lorsque le patient fait l’expérience de ce réajustement, en lâchant prise, en faisant confiance à la vie et à ses propres ressources, les symptômes disparaissent. Tout l’art du thérapeute est d’amener le patient à cette expérience. » L’hypnose médicale ou thérapeutique est bien entendu à distinguer de l’hypnose « spectacle ». Plusieurs diplômes universitaires permettent aux professionnels de santé-médecins, infirmières kinésithérapeutes, psychologues… – de se former. « Ces soignants signent une charte éthique et pratiquent l’hypnose dans le cadre de leurs compétences : l’anesthésiste fait de l’hypnoanalgésie, le psychologue de l’hypnose thérapeutique, l’infirmière de la prévention de la douleur… », précise Pascale Chami. Ainsi, face à un patient psychotique, le Dr Alibert ne pratique pas l’hypnose : « Cela relève des compétences du psychiatre ».
4 Domaines thérapeutiques
Un rapport de l’Inserm de 2015 reconnaît l’efficacité de l’hypnose dans le syndrome de l’intestin irritable et dans l’anesthésie. Deux ans plus tôt, l’Académie nationale admettait une efficacité dans les douleurs liées aux gestes invasifs chez les enfants et pour atténuer les effets secondaires des chimiothérapies.
À savoir : l’Ordre des médecins autorise la pratique de l’hypnose par les médecins, mais il n’y a pas de remboursement par la Sécurité sociale. L’Association française pour l’étude de l’hypnose médicale (AFEHM) et les agences régionales de santé peuvent fournir les coordonnées de soignants formés.
NATHALIE DA CRUZ
*Pascale Chami est auteure de L’autohypnose facile et ludique pour l’enfant et ses parents (Le courrier du livre)
Seniors : des séances adaptées
Dans la mesure où le soignant n’outrepasse pas ses compétences, il n’y a pas de contre-indication à la pratique de l’hypnose chez les seniors. « Pour un patient en Ehpad, cette pratique donne la possibilité de retrouver un souvenir, de s’appuyer dessus comme une ressource », commente Pascale Chami. Chez une personne malade d’Alzheimer, la psychologue choisit la musique comme mode d’induction et réalise des séances très courtes, comme chez les enfants. « L’hypnose s’adresse à la personne dans sa globalité, d’où son intérêt chez la personne âgée qui se sent souvent morcelée dans son corps par ses douleurs et traumatismes psychiques », poursuit Pascale Chami. Seul obstacle éventuel :
le déficit auditif du patient.