Directeur du Centre hospitalier d’Arcachon et administrateur de la MNH, Julien Rossignol prend depuis 2018 avec son établissement un virage autour de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Partage d’expérience.  

L’hôpital est-il en train de mener sa révolution RSE ?
Julien Rossignol :
En préambule, il est important de rappeler l’origine de cette démarche, initiée au sein des entreprises du secteur privé. Elles se sont en effet engagées dans le développement durable plus précocement que les structures hospitalières. Un « retard » qui s’explique sans doute par le fait que les hôpitaux sont parvenus plus tardivement à coordonner leurs actions. À titre d’exemple, la mise en place de directions du Développement durable au sein des établissements hospitaliers date d’une dizaine d’années environ, ce qui reste relativement récent. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’auparavant, il n’y avait pas de mesures RSE. Les hôpitaux sont généralement les plus grands employeurs publics des territoires. Les actions menées individuellement sur le terrain par les agents ont donc toute leur importance et peuvent alimenter la politique RSE. 

Pouvez-vous donner des exemples d’actions engagées ?
J. R. :
Au sein du CH d’Arcachon, les professionnels de santé du bloc opératoire ont créé une association loi 1901 pour récupérer le cuivre des matériaux utilisés et permettre son recyclage. Ils ont aussi déployé le tri sélectif. À l’échelle institutionnelle, nous avons accompagné cette initiative de terrain en investissant dans des dispositifs spécifiques pour accélérer leur action. De même que nous avons mis en place le tri dans chacun des services hospitaliers. Nous l’effectuons également à la restauration, car avec plus de 800 agents, nous nous devons d’éviter le gaspillage. D’ailleurs, depuis le mois de septembre, nous proposons deux voies de sortie pour la nourriture non consommée : nous faisons des dons aux associations et nous avons également installé un distributeur à destination du personnel. Pour 2,5 euros, les agents peuvent rentrer chez eux avec un repas complet pour trois à quatre personnes. Cette initiative a été financée par notre fonds de dotation, lui-même alimenté par des fonds privés. Il finance également d’autres politiques de développement durable : l’installation de prises électriques pour les voitures du personnel et des visiteurs ou encore des panneaux photovoltaïques afin de produire de l’eau chaude.
Nous sommes l’un des premiers hôpitaux à avoir lancé un plan de sobriété énergétique en diminuant la température d’un degré dans l’ensemble de l’établissement, ce qui permet d’économiser 10 % de notre facture d’électricité, soit 70 000 euros par an. Nous avons aussi coupé les lumières extérieures, entre 23 heures et 5 heures du matin, sur le parking visiteurs. Enfin, récemment, nous avons supprimé la possibilité d’ouvrir les fenêtres, car cela entraînait trop de déperdition alors que nous sommes sous traitement d’air.

Quelles sont selon vous les bonnes pratiques à promouvoir ? 
J. R. :
Je ne peux que conseiller aux structures hospitalières de débuter par un audit technique sur l’ensemble des bâtiments pour le chauffage, l’eau et les canalisations. Il est également important d’encourager la responsabilité individuelle de chacun : éteindre la lumière en quittant une pièce, éteindre son ordinateur à la fin de la journée.

Quels leviers les hôpitaux peuvent-ils actionner pour approfondir et poursuivre la démarche ? 
J. R. :
Les hôpitaux sont tous structurés en Groupement hospitalier de territoire (GHT). Dans ce cadre, des conseillers en transition énergétique et écologique en santé (CTEES) interviennent depuis le printemps 2022 pour accompagner les établissements dans la maîtrise de leurs énergies, réfléchir aux évolutions possibles et ainsi réduire l’empreinte carbone. Les postes sont financés par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) et la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) via le Ségur de la santé. Leur intervention permet d’accélérer le processus, mais dans tous les cas, les démarches doivent être « bottom up », afin de faire émerger des solutions du terrain. Toutes les directions d’une structure hospitalière jouent un rôle et doivent se sentir impliquées dans la démarche. Il ne suffit pas d’avoir une direction du développement durable. Elles doivent être encouragées à faire remonter les initiatives des services, qui peuvent ensuite intégrer la politique institutionnelle de l’établissement. 

Propos recueillis par Laure Martin

 

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