Bienveillante, respectueuse du patient, l’haptonomie se déploie en France, en milieu hospitalier et dans les Ehpad, avec deux principaux objectifs : « Maintenir le plus possible l’autonomie du patient et permettre au soignant de retrouver du plaisir dans son travail. » Une invitation à vivre le mouvement.

 

L’haptonomie - du grec « háptô », contact, qui prend soin - peut se définir, selon Maurice Xambeu, formateur, comme : « la science du soin soignant, une approche qui se ressent, s’adapte à chaque situation ».  L’enseignant référent au Centre international de recherche et de développement en haptonomie (CIRDH), aime préciser qu’il s’agit avant tout d’être dans la perception : « Cette approche s’adapte à n’importe quelle technique avec cette préoccupation du geste, du contact qui va déterminer la qualité du soin ».

Le Néerlandais Frans Veldman a développé l’haptonomie dès les années 1940 et la kinésionomie clinique est aujourd’hui une des applications. Elle se décline pour accompagner la grossesse et prendre contact avec le bébé, mais aussi dans les soins psychiques où un contact tactile respectueux et sécurisant participe du soin. Elle peut être appliqué dans les soins généralistes.
Maurice Xambeu intervient ainsi en milieu hospitalier pour former des soignants à cette approche bienveillante, très soucieuse du bien-être du patient ; en priorité des infirmières et des aide-soignantes qui manipulent les patients au quotidien. Selon lui, la kinésionomie clinique (1) est la « façon dont chacun vit le mouvement. On n’est plus dans la manutention, mais bien dans le geste partagé. Le soignant doit inviter et être sensible à la réponse du patient, ne pas imposer le geste ».

Une approche participative
Cette approche est d’autant plus importante en Ehpad ou en soins palliatifs, lorsque les patients sont dépendants, en souffrance ou avec des troubles cognitifs. Basé à Tours, Paul Durix, masseur-kinésithérapeute, est formateur depuis quinze ans en kinésionomie clinique au CIRDH et travaille dans plusieurs Ehpad.
« J’interviens pour des projets d’établissement, pour former tout le personnel soignant sur deux à trois ans, dont des référents en interne afin de pérenniser l’approche dans le temps. Notre objectif est de proposer une gestuelle très précise, qui invite le patient à se mouvoir, que ce soit lors des soins de toilette ou de déplacement. On maintient le plus possible l’autonomie des personnes. »
Selon lui, la kinésionomie clinique permet une meilleure relation entre soignant et patient. « Le premier économise son énergie, gagne du temps et limite les facteurs de risques en termes de blessures musculaires ou vertébrales. Le second, lui, se sent respecté dans sa dignité (il n’est plus réduit à un objet) : il redécouvre ses capacités. Les manifestations de douleur, de retrait ou d’agressivité diminuent. »
Comme le souligne avec humour Maurice Xambeu, l’haptonomie est comparable à un duo de danse où « soignant et patient doivent trouver leur rythme, être à l’écoute du tempo de l’autre afin de vivre le mouvement à deux ». Pour le bénéfice de chacun.

 

Coraline Bertrand

La kinésionomie clinique est une application de l’haptonomie à tous les gestes de soin réalisés au lit du patient (hygiène, nursing, injections, rééducation, examen médical).

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