La fin des quotas pour l’apprentissage des infirmiers et des aides-soignants suffira-t-elle à agir sur l’attractivité de ces métiers particulièrement en tension ? C’est en tout cas une option, encore trop peu connue, des employeurs et des futurs professionnels du soin.

 

Salon de l’apprentissage, septembre 2020. Le premier ministre Jean Castex annonce la fin des quotas pour les formations en apprentissage des métiers d’infirmiers et d’aides-soignants, quotas traditionnellement fixés par l’Agence régionale de santé (ARS) et le Conseil régional. La levée de ce verrou semblait nécessaire pour dynamiser cette voie de formation, jusque-là peu choisie par les futurs soignants. Elle existe pourtant depuis une quinzaine d’années pour les infirmiers et depuis dix ans chez les aides-soignants.

 

De nombreuses filières disponibles
Rappelons en effet que les formations d’aides-soignants, infirmiers, kinésithérapeutes, manipulateurs radio, auxiliaires de puériculture, ambulanciers ou psychomotriciens sont accessibles en apprentissage : dès le départ pour les aides-soignants dont la formation dure alors deux ans (contre un an en formation initiale) ; en 2e année pour les infirmiers, à condition d’avoir moins de 30 ans et d’avoir validé l’équivalence aide-soignant. La formation est financée intégralement par l’employeur : un contrat d’apprentissage – à durée déterminée – est conclu entre l’apprenti, l’entreprise qui l’emploie et l’Ifsi (Institut de formation des soins infirmiers) ou l’Ifas (Institut de formation des aides-soignants) qui doit être agréé par un centre de formation des apprentis (CFA). Les différents CFA peuvent d’ailleurs être gérés par des groupes privés, qui proposeront une embauche à la clé aux jeunes formés.
Comme tous les apprentis, le futur soignant dispose d’un maître d’apprentissage ou tuteur, nommé par l’établissement. Salarié comme les autres, il bénéficie des mêmes droits et demeure soumis aux mêmes obligations. Son planning est fixé par l’employeur, il peut effectuer des vacations le soir, le week-end et pendant les vacances scolaires dans la limite de 48 h/semaine. 

 

Un cursus méconnu
« L’apprentissage a souvent été associé aux professions manuelles et n’était pas connu dans le secteur de la santé, remarque Jean-François Inghilleri, chargé de développement au Cerfah, unique CFA de la région Sud dédié aux métiers du soin. Cette voie se développe progressivement grâce à un travail de communication. » Ainsi, au Cerfah, la première promotion d’ambulanciers en apprentissage a ouvert en 2016. Elle a connu depuis un essor d’effectif de 50 %, la demande des entreprises d’ambulances étant exponentielle. « La filière aides-soignants a davantage peiné à se faire connaître auprès des entreprises. À cet égard, le recrutement se fait plus facilement auprès de grands groupes du privé. Il est plus délicat dans le secteur public ou privé à but non lucratif. Nous notons cependant aujourd’hui une forte demande pour recruter des apprenties aides-soignantes*, avec d’ailleurs parfois une pénurie de candidats. » Une solution, mais pas la panacée donc, puisque quel que soit le mode de formation, la filière aides-soignants s’avère peu attractive.

 

Des initiatives locales de soutien
Comment expliquer l’écart entre le choix de cette solution par le privé et le public ?  Par le manque de moyens sans doute. Pour encourager tous les secteurs à recruter des jeunes en alternance, le gouvernement a proposé en 2020 une aide exceptionnelle de 8 000 € pour un contrat d’apprentissage signé avec un jeune majeur. Et localement, des plans de relance sont menés par l’ARS et les conseils régionaux et depuis juin 2020, le CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale) qui assure le financement de 50 % de la formation dans le secteur public local.

Suzanne Nemo

* Émanant principalement des Ehpad.

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