Comment concilier vie privée et travail lorsque l'on est professionnel de santé aujourd'hui ? Partagez une journée avec Claude Bastard, 50 ans, aide-soignante en médecine interne au service rhumatologie et diabétologie du centre hospitalier intercommunal de Vesoul (70) depuis 2012.
«Claude, c'est un OVNI dans un hôpital» sourit une collègue. «Elle fait partie de ces personnes qui font fuir les pessimistes. Elle a cette capacité à aimer les autres avec simplicité. C'est vraiment un point de repère dans l'équipe», complète un autre.
Originaire du petit village de Port-sur-Saône, elle a choisi de s'installer avec sa famille à Scey-sur-Saône, à quelques kilomètres de Vesoul en Haute-Saône. Depuis 20 ans, cette aide-soignante a réussi, malgré les difficultés, à conjuguer vie de famille et vie professionnelle. Mariée à Bruno, agent de maîtrise au Département de Haute-Saône, elle est mère de 3 enfants qui ont respectivement 28, 25 et 16 ans (Fanny, Clément et Axel).
MON PARCOURS D'AIDE-SOIGNANTE
«Au départ, j'ai passé un CAP de cuisine en restauration collective, mais j'ai toujours voulu être aide-soignante. Jusqu'à l'âge de 30 ans, j'ai enchaîné les remplacements comme ASH (agent des services hospitaliers) dans différents établissements du département. Quand ma fille Fanny a eu 8 ans et Clément 5 ans, j'en ai eu marre de la précarité des postes en CDD. J'ai repris des études à Vesoul pour devenir aide-soignante.
En sortant, j'ai obtenu un poste à la maison de retraite de mon village où j'ai travaillé pendant 15 ans. Il y a 5 ans, j'ai demandé une mutation et j'ai rejoint le CHI de Vesoul.
Depuis, suite à une restructuration des services, je suis passée du service neurologie au service rhumatologie/diabétologie dirigé par le Dr Jean-Paul Ory, endocrinologie.
Je n'ai jamais eu envie de devenir infirmière. Je trouve qu'on leur demande énormément.»
MA FAMILLE EN OR
«Lorsque l'on fait ce métier, on est obligé d'avoir une organisation individuelle et familiale rigoureuse. Quand les enfants étaient petits, Bruno s'en occupait énormément et nous avions une nourrice. Mon mari a toujours eu des horaires fixes à la DDE puis désormais au Département. C'est important de pouvoir compter sur son conjoint. Nos enfants ont vite été très autonomes. Ils ont toujours fait leurs devoirs seuls par exemple.
Mon travail dans la santé n'a pas l'air de les avoir traumatisés : Fanny est aujourd'hui infirmière en Suisse et Clément travaille dans un IME (Institut médico-éducatif).
Aujourd'hui, seul Axel, en 1re STMG à Vesoul, habite encore avec nous. Bruno et lui sont des spécialistes du micro-ondes. Je leur prépare à l'avance des repas "maison" qu'ils se font réchauffer. Pas de plats tout prêts chez nous.
Le plus compliqué, ce sont les vacances. On arrive à avoir au maximum 10 jours de congés ensemble en été. Maintenant que les enfants sont grands c'est moins embêtant, mais petits, il fallait trouver de quoi les occuper.»
MON MÉTIER AU QUOTIDIEN
«Quand je suis du matin (6h30 à 14h30), je me réveille à 5h et je quitte la maison à 5h50 pour un retour vers 15h. L'après-midi, pas question de faire une sieste [«C'est une hyper active», souffle Bruno]. J'essaie de caler mes rdv médicaux.
Lorsque je suis d'après-midi (13h30 à 21h30), je profite de ma matinée pour préparer mes repas, m'occuper de ma maison et rendre visite à ma belle-mère de 85 ans.
j'ai la chance de connaître mon planning de travail bien en amont et on a une bonne communication au sein de mon service. Si j'ai des impératifs familiaux ou associatifs, je peux m'arranger avec mes collègues.
J'aime vraiment mon métier, j'y vais chaque jour avec le sourire. La seule chose qui me "pèse" aujourd'hui c'est le fait que le personnel hospitalier soit sous tension. Cela génère des maises dans les services pour certaines de mes collègues et ça me fait mal de les voir en souffrance.
Ce que j'aimerais changer si cela était possible ? Qu'il y ait plus de personnel (aides-soignant(e)s et infirmier(e)s) pour répondre aux besoins des patients.»
DIAPORAMA
24h chrono avec Claude, aide-soignante au CHI de Vesoul
7H
Je suis une lève-tôt. Les jours où je ne suis pas du matin, je me réveille tout de même à 6h30 et je prends mon petit-déjeuner avec mes deux fils (A gauche, Clément -a quitté le domicile familial depuis- et Axel) et mon mari. Ce sont des moments de partage importants pour moi.

«Certains jours je ne vois pas maman de la journée. Mais cela a toujours été comme cela. Je rentre en même temps que mon père le soir», raconte Axel, le dernier.

« Je profite des jours où Claude est d'après-midi pour voir des amis. Je suis très impliqué dans la vie municipale et associative locale. On a souvent des réunions le soir.
Je n'ai jamais souffert de son rythme de travail. On se voit autrement. On est très actifs tous les deux. Et depuis que les enfants sont grands, on essaie de partir régulièrement 4/5 jours avec les amis» explique Bruno.

10H
J'adore cuisiner pour ma famille, mes amis mais aussi mes collègues. C'est un vrai moment de détente. Je profite de mes matinées libres pour préparer les repas pour mon mari, mes fils et moi mais aussi des pâtisseries qu'apprécient mes collègues gourmands.

Lorsque je suis d'horaire d'après-midi, je dîne à l'hôpital. J'apporte toujours mon repas.

12H50
Je quitte la maison à 12h50. J'habite à une vingtaine de minutes de route du CHI. J'aime bien ce temps de trajet. Il m'offre un moment de transition avant ma journée de travail ou avant de rentrer chez moi.

L'arrivée au centre hospitalier. «Claude est connue comme le loup blanc. Elle a toujours un petit mot, une petite blague à raconter, le sourire accrochée aux lèvres et souvent une pâtisserie maison sous le bras» s'amuse une collègue.
13H30
La journée de travail débute par une réunion de transmission qui dure entre 40 mn et 1h pour faire le point sur les deux secteurs diabétologie et rhumatologie.

Le docteur Jean-Paul Ory, endocrinologue et chef du service, partage régulièrement avec nous.

Le passage de relais avec Viviane, ASH.

Je vais ensuite m'occuper, avec un collègue, de la désinfection de la chambre et de la préparation du lit pour le prochain patient.


15H
A l'entrée du patient dans le service, je m'occupe des prises de contantes et du recueil informatisé des données.

18H
J'apporte le plateau repas du patient, le soir.

21H30
Je quitte l'hôpital. A 22h, je suis chez moi et à 22h30 au lit !

ZOOM SUR LE SERVICE DE RHUMATOLOGIE ET DIABÉTOLOGIE DU CENTRE HOSPITALIER INTERCOMMUNAL DE VESOUL
Les chiffres clés
10 lits en diabétologie
10 lits en rhumatologie
7 infirmières (6,4 équivalent temps pleins nuits et jours et un pool d'infirmiers)
9 aides-soignantes et un pool d'aides-soignants
3 endocrinologues
1 cadre
1 ASH
1 équipe pluridisciplinaire : kinésithérapeute, diabéticien, assistante sociale, infirmiers d'éducation thérapeutique, ergonothérapeute.