En médecine générale, mais aussi en gériatrie, en gynécologie-obstétrique, en oncologie ou en soins palliatifs, les internes pourraient réaliser une partie de leurs stages dans des services d'hospitalisation à domicile. Une proposition soutenue par la Pr Sophie Siegrist qui l’expérimente depuis de nombreuses années à Nancy.

Au cours de son internat de médecine, se former aux spécificités de l’hospitalisation à domicile (HAD) : telle est la proposition, portée par la Pr Sophie Siegrist, médecin généraliste et professeure associée au sein de la faculté de Nancy. « Si c’est essentiellement la médecine générale qui s’est saisie de cette opportunité jusqu’à présent, l’option commence à séduire d’autres spécialités, comme la gériatrie ou encore la gynécologie-obstétrique », se félicite-t-elle.
À Nancy, la formule fonctionne depuis 2003 et, en près de vingt ans, elle a fait la preuve de sa pertinence. En plus des stages dans des services hospitaliers et auprès de praticiens libéraux, les internes ont la possibilité de réaliser une partie de leur formation dans un service d’HAD. « Ils se familiarisent avec les protocoles de soins et la prise en charge à domicile sous responsabilité hospitalière, mais aussi avec la coordination qui représente une part non-négligeable du travail médical en HAD », explique Sophie Siegrist.

Développer un projet pédagogique
La formule a aussi le mérite de mieux faire connaître l’hospitalisation à domicile, à la fois aux praticiens et aux patients. « En partageant leur temps entre l’ambulatoire, les services hospitaliers et l’HAD, les internes suivent de fait des patients tout au long de leur parcours de soins. Leur bonne connaissance de l’HAD les encourage aussi à recommander, voire à prescrire, cette prise en charge », continue-t-elle. Cela rejoint l’un des leviers mentionnés par la feuille de route stratégique de l’HAD 2021-2026, intitulé « Améliorer la connaissance de l’HAD par les médecins durant leur formation initiale ».
Pourtant, la proposition peine à faire son entrée dans les cursus de stages. « Les services hospitaliers ainsi que les médecins en libéral ont peur de perdre leurs internes, qui sont essentiels pour compléter les équipes de soin souvent en tension. De plus, peu de services d’HAD ont développé un projet pédagogique, ce qui n’encourage pas les universités à y envoyer des stagiaires », reconnaît Sophie Siegrist, qui envisage des solutions pour éviter l’impasse.
L’une des pistes consiste en l’élaboration de stages combinés, avec trois mois en HAD et trois mois dans un autre service hospitalier, par exemple, pour créer une filière patients. Pour convaincre les universités, les médecins coordinateurs d’HAD pourraient suivre la formation que les praticiens libéraux doivent suivre pour devenir maître de stage. « En tant qu’hospitaliers, cette formation n’est pas encore obligatoire. Ces deux jours pourraient leur permettre de faire la preuve de leur volonté d’encadrer de jeunes médecins en s’investissant dans la pédagogie », conclut-elle.

Lisette Gries

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Pr Sophie Siegrist

 

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