Infirmière en cardiologie depuis 24 ans, Najet Belghali a rejoint en 2009 le Centre d’investigation clinique (CIC) de Lyon.
Si la route est parfois longue entre la mise en place d’un protocole de recherche et l’autorisation de mise sur le marché du médicament qui aura fait ses preuves, elle retient surtout la dimension profondément optimiste de son métier. Contribuer aux progrès de la médecine, quel enrichissement !
Quelles sont les missions d’une infirmière de recherche clinique ?
Les IRC (1) sont chargées de l’organisation du suivi des patients et de la réalisation des actes spécifiques aux essais cliniques, tels les ECG, prises de sang et l’administration des traitements à l’étude. Il y a deux types d’études (industrielles ou institutionnelles), selon que le promoteur est un laboratoire pharmaceutique ou un médecin travaillant dans le cadre d’un Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) (2).Toutes ces études sont au préalable analysées par le CPP (comité de protection des personnes). Au-delà des actes qu’elle est seule habilitée à pratiquer, l’IRC joue un rôle essentiel dans l’instauration d’une relation de confiance avec les patients. Elle participe à la recherche de volontaires, les accueille et leur apporte un appui psychologique.
Avez-vous dû suivre une formation spécifique ?
Avant mon arrivée au CIC j’ai passé un diplôme de spécialisation, le DIU FARC (Diplôme Inter-Universitaire pour la Formation des Attachés de Recherche Clinique). De plus, la recherche est un domaine soumis à des évolutions réglementaires. C’est pourquoi nous devons suivre des formations sur la nouvelle règlementation et nous mettre à jour sur les BPC (bonnes pratiques cliniques). Ce référentiel constitue en quelque sorte notre "bible".
A quoi ressemble une journée type ?
Dans une journée "classique", l’accueil des patients se fait le matin et l’après-midi. L’IRC organise aussi la planification des visites les jours suivants, via les fiches logistiques qu’elle prépare en collaboration avec les ARC. L’infirmière réalise les prélèvements et les soins et dispense les traitements récupérés à la pharmacie mais peut aussi être amenée à faire de l’éducation thérapeutique. Dans le cadre d’un protocole lié à l’hypercholestérolémie par exemple, nous devons former le patient à se faire lui-même des injections sous-cutanées, selon des consignes très précises. C’est essentiel, car il en va de la validité de l’étude. Enfin, nous devons renseigner quotidiennement les CRF (Case Report Form) qui sont des cahiers d’observation et de suivi.
Régulièrement, nous assistons aussi à la mise en place de nouvelles études. S’y ajoutent des réunions hebdomadaires et mensuelles avec l’ensemble de l’équipe. Personnellement, je suis également la référente "sécurité et maintenance", ce qui implique de faire calibrer chaque année tout le matériel utilisé, selon les exigences des promoteurs… Bref, il n’y pas une, mais plusieurs journées types !
L'infirmière de recherche clinique fait le lien entre les différents intervenants du centre. Tout le monde passe par nous, personne ne travaille dans sa bulle.
Najet Belghali
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
J’apprécie la double casquette : un suivi technique très rigoureux et une vraie relation de "soignant". Echanger avec les patients, les mettre en confiance, alors qu’ils suivent des traitements expérimentaux, parfois très lourds, cela ne s’improvise pas et, en cela, l’expérience aide beaucoup. La dimension innovation est aussi très enrichissante ; j’apprécie de contribuer, à mon niveau, au développement de médicaments qui pourraient changer la vie des malades ou traiter des maladies rares. Je me souviens notamment d’une étude qui a permis la mise sur le marché d’un traitement contre l’acromégalie (3). Pour cela j’ai suivi les mêmes patients pendant 5 ans. Participer à un essai clinique qui fonctionne bien procure une joie et une émotion inoubliables !
Propos recueillis par Céline Collot
(1) Les IRC sont également appelées IDE ARC (Attachées de recherche clinique).
(2) Par exemple Hibiscus Stemi : cohorte sur l'infarctus du myocarde.
(3) Due à une tumeur au niveau de l'hypophyse.