Une équipe Inserm de l’Université de Bordeaux travaille à la construction d’un indicateur de la qualité de vie au travail dans les établissements de santé, l’IndiQateur-H. Ce sera le premier à s’intéresser à tous les métiers de l’hôpital, en plus d’avoir été validé scientifiquement.
Le turn-over ou le taux d’absentéisme donnent une idée de la qualité de vie au travail dans un hôpital, mais ils ne renseignent pas sur les points à améliorer. « Des questionnaires sont parfois envoyés aux salariés, pour tenter d’expliciter ces chiffres. Mais ils sont souvent rédigés à la demande de l’employeur, donc avec des biais, et rarement validés scientifiquement. Quand ils le sont, ils ne portent que sur un métier ou proviennent d’autres pays, ayant une organisation différente des soins. C’est pourquoi nous avons décidé de construire un outil, baptisé “IndiQateur-H”, capable de mesurer de façon fiable la qualité de vie au travail dans un établissement de santé français, en tenant compte de tous ses champs d’activité (médecine-chirurgie-obstétrique, soins de suite et de réadaptation, hospitalisation à domicile, psychiatrie, pharmacie, administration…), quel que soit son secteur (public, privé…) », explique Matthieu Sibé, responsable scientifique du projet.
Une démarche de co-construction scientifique
La première phase du projet, initiée fin 2020, s’achève. Des groupes de travail réunissant une vingtaine de professionnels de terrain et d’universitaires spécialistes de la qualité de vie au travail ont été constitués pour rédiger une première version du questionnaire. Celui-ci portera notamment sur les conditions d’emploi, la charge de travail, l’intérêt pour les tâches réalisées, la possibilité de concilier vies professionnelle et personnelle, l’autonomie au travail, ou encore la présence de soutien dans les équipes. « Il s’agit maintenant de vérifier que les items ne sont pas trop nombreux, qu’ils n’omettent aucun aspect du sujet, mais aussi qu’ils sont tous pertinents et compréhensibles », indique Matthieu Sibé. Pour cela, le questionnaire va être testé auprès des personnels des 120 hôpitaux partenaires du projet, puis reformulé et de nouveau testé en 2022. La version définitive est espérée pour 2023.
Si autant d’hôpitaux ont accepté de se mobiliser alors qu’ils sont débordés par la crise sanitaire, c’est que ce projet répond à une forte attente. La qualité de vie au travail est un critère important, aussi bien pour fidéliser les équipes et attirer de nouveaux professionnels que pour garantir la bonne qualité des soins. Encore faut-il disposer d’un bon outil de diagnostic.
Émilie Tran Phong
Pour en savoir plus : http://indiqateurh.fr
