Si chaque cas est singulier, l'hospitalisation d'un enfant implique toujours la coordination d'un grand nombre d'intervenants. Organisation des soins, accompagnement pré et post-opératoire, prise en charge de la douleur... Et si la meilleure façon de soigner était de commencer par distraire ? Rencontre avec l'équipe du service orthopédie de l'Hôpital Femme Mère Enfant de Lyon-Bron.

Pour quelques jours ou quelques semaines, une hospitalisation en pédiatrie est toujours un moment délicat. Au-delà de l'intervention chirurgicale en tant que telle, les attentes sont fortes en termes d'accompagnement. À l'Hôpital Femme Mère Enfant (HFME) de Lyon-Bron, le service orthopédie peut accueillir jusqu'à 26 enfants. En véritable "chef d'orchestre", Isabelle Laroche, cadre de santé, est chargée d'organiser la vie du service. Garante des soins, elle établit les plannings et fait le lien entre les soignants et autres intervenants, tout en assurant l'encadrement des étudiants. «Après le tour des chambres chaque matin, avec les chirurgiens et l'équipe médicale, les tâches sont distribuées et les soins planifiés pour la journée», résume Isabelle Laroche.

ACCOMPAGNER L'ENFANT, AUTANT QUE SES PARENTS

Que l'hospitalisation soit programmée ou consécutive à un passage aux urgences, Isabelle Laroche, qui gère l'attribution des chambres, est donc la première informée. Sauf cas d'urgence vitale, le jeune patient qui a au préalable été reçu en consultation par le chirurgien, puis par l'anesthésiste, est généralement admis 2 heures avant l'opération. C'est l'auxiliaire de puériculture ou l'infirmière qui l'accueille et assiste les parents pour la toilette préopératoire.

Isabelle LAROCHE

Isabelle LAROCHE

 

Les auxiliaires du bloc opératoire prennent ensuite le relais. Et là commence toute une série de "distractions" mises en place pour rassurer l'enfant, prévenir et limiter la douleur. En effet, le service met en pratique depuis plusieurs années les grands principes de l'hypno-analgésie, qui consiste à détourner l'attention de l'enfant par le jeu ou la parole avant ou pendant un acte douloureux. Par exemple, si son état le permet, c'est en trotteur ou en tricycle qu'un tout-petit sera invité à se rendre au bloc opératoire. Dans le sas dont les murs sont décorés sur le thème des héros, il est accueilli par le médecin anesthésiste et l'infirmière anesthésiste, alias "le marchand de sable" et "la souffleuse de rêves". «Le choix des mots est essentiel pour faire passer un message apaisant aux enfants, mais aussi aux parents qui ont autant si ce n'est plus besoin d'être rassurés», note Philippe Serra, cadre de santé du bloc. Pour tous, la question centrale est bien souvent la même : que se passe-t-il derrière la porte du bloc opératoire ? C'est pourquoi ils ont tourné, grâce à des parents vidéastes professionnels, une vidéo qui permet d'entrer virtuellement dans le bloc, avec, dans le rôle de l'enfant qui va être opéré, un "Minion", qui se prête volontiers à chaque étape de l'anesthésie. «Diminuer l'anxiété fait partie intégrante de la qualité de soin, il est avéré que cela permet de diminuer le recours aux médicaments antalgiques», assure Magali Marchal, infirmière anesthésiste.

Magali Marchal et Philippe Serra

 

Magali Marchal et Philippe Serra

UNE PRISE EN CHARGE COLLECTIVE

De retour dans sa chambre après la salle de réveil, l'enfant est repris en charge par l'équipe du service orthopédie. Le matin est généralement consacré aux toilettes et aux soins. Si l'enfant porte un plâtre, le gypsothérapeute vient faire les retourches nécessiares, tandis que le kinésithérapeute intervient pour des exercices de mobilité, mais aussi pour apprendre à se lever, à utiliser les béquilles... La diététicienne est systématiquement consultée en cas d'alimentation par perfusion ou par sonde. Enfin, un pédopsychiatre ou psychologue peut également venir voir l'enfant, si nécessaire.

Diminuer l'anxiété fait partie intégrante de la qualité de soin.

À tous ces soins s'ajoutent les interventions non médicales mais non moins importantes pour le bien-être du jeune convalescent. Une éducatrice de jeunes enfants coordonne les animations dans le service orthopédie, où défilent conteurs, musiciens, clowns... De même, la salle de jeu, loin d'être réduite à un simple lieu de détente, est un dispositif-clé dans l'accompagnement en hypno-analgésie.

Et voilà qu'arrive le moment de quitter l'hôpital ! Un retour à domicile préparé bien en amont avec l'infirmière par les consignes de santé et avec Isabelle Laroche, interlocuteur privilégié des familles pour toutes les questions d'organisation. «Je rassure, j'aide, j'aiguille, l'idée est d'anticiper au plus tôt les adaptations nécessaires pour l'enfant». De l'entrée à la sortie, rien n'aura été laissé au hasard...

Reportage réalisé par Céline Collot

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