Si la Covid-19 semble avoir éclipsé le cancer ces derniers mois, celui-ci n’a pas disparu. Il reste même la première cause de mortalité chez les hommes, et la deuxième chez les femmes. Conscientes de cela, la France et l’Union européenne se sont chacune dotées d’un plan de lutte contre ce fléau.
382 000 nouvelles tumeurs sont diagnostiquées par an en France. 157 400 personnes en meurent chaque année et, parmi les survivants, les deux tiers en gardent des séquelles1. C’est pour réduire ces chiffres que le président de la République, Emmanuel Macron, a présenté le 4 février une Stratégie nationale de lutte contre le cancer, avec un budget 20 % plus élevé que pour le plan cancer précédent. Objectifs :
- passer sous la barre des 100 000 cas de cancers évitables par an en 2040, contre 153 000 aujourd’hui ;
- renforcer les programmes de dépistage organisé, de manière à y inclure un million de personnes en plus chaque année à partir de 2025 ;
- réduire de moitié le nombre de patients souffrant de séquelles cinq ans après le diagnostic ;
- améliorer significativement le taux de survie des cancers de plus mauvais pronostic (cancers du système nerveux central, des poumons…).
Au même moment, la Commission européenne dévoilait son Plan pour vaincre le cancer, avec des engagements très similaires.
Le tabac, alcool et inégalités sociales dans le viseur
La France comme l’Europe visent en priorité une génération sans tabac. Elles s’attaquent aux excès d’alcool, à la sédentarité et aux déséquilibres alimentaires. Elles vont fournir des efforts supplémentaires en faveur de la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV). L’Europe prévoit en outre de s’attaquer à la pollution de l’air.
Une attention particulière sera portée aux inégalités territoriales et sociales face au cancer. Aujourd’hui, il existe de grandes disparités d’accès au dépistage et aux soins entre les régions. Et la plupart des facteurs de risques touchent en priorité les plus précaires.
Les deux programmes misent, enfin, sur le soutien à la recherche : un certain nombre de cancers restent incurables, ne disposent pas de tests de dépistage précoce ou nécessitent des traitements aux lourdes séquelles. Et les connaissances sur les effets cocktails de substances cancérigènes méritent d’être approfondies.
Chiffre-clé
1,74 milliard d’euros. C’est le budget consacré par la France à la feuille de route 2021-2025 de sa stratégie de lutte contre le cancer. Le plan européen bénéficiera quant à lui de 4 milliards d’euros.
40 % des cancers diagnostiqués en France sont considérés comme « évitables » car liés à des comportements : consommation de tabac (70 000 cas par an), excès d’alcool (28 000), à une alimentation déséquilibrée (18 000), au surpoids et à l’obésité (18 000), etc.
Verbatims
« Je souhaite que la génération qui aura 20 ans en 2030 soit la première génération sans tabac de l’histoire récente. »
Emmanuel Macron, président de la République française
« Une union européenne de la santé forte est une union dans laquelle les citoyens (…) ont accès à un dépistage et à un diagnostic précoces et dans laquelle chacun a accès à des soins de qualité, à chaque étape du parcours. »
Stella Kyriakides, commissaire à la santé et à la sécurité alimentaire.
1 Panorama des cancers en France – édition 2021, INCa