La formation de sage-femme - filière maïeutique - en France dure 5 ans et est la plus longue d'Europe. Qu'en est-il dans les principaux pays européens ? Tour d'horizon chez nos voisins.
Dénominateurs communs
Selon la directive 2005/36/CE sur la reconnaissance des qualifications professionnelles, la formation des sages-femmes dispensée au sein de l'Europe comporte des dénominateurs communs : la durée minimale de la formation de base de sage-femme (à temps plein) est de 3 ans ou de 18 mois si elle intervient après une formation de base d'infirmier en Europe. Une formation spécifique pour la profession de sage-femme existe dans la majorité des pays d’Europe et cette voie peut coexister avec une formation spécialisante accessible après l’obtention d’un diplôme d’infirmier.
Comment devenir sage-femme ou maïeuticien ?
En France
Les études durent 5 ans et se composent d’une Première Année Commune aux Études de Santé (PACES), suivie de 4 ans d’études au sein d’une des 35 écoles de sages-femmes (sur concours d’entrée), selon leur université de rattachement. 30 % des étudiants en moyenne franchissent l’obstacle du concours 1. En 2018-2019, le numerus clausus en sage-femme s'élève à 991 places 2.
1 Source ONISEP
2Source JO du 27-12-2017
En Allemagne
Les études durent 3 ans et se déroulent dans des écoles professionnelles (sur recrutements individuels). Pour postuler, le candidat doit être titulaire d’un diplôme de fin de Realschule (école d’enseignement supérieur) ou de niveau bac/Abitur. On compte une soixantaine d'établissements de formation dans tout le pays.
En Belgique
Les études sont dispensées en Hautes Ecoles. Il s’agit d’une formation sur 4 ans validant 240 ECTS (European Credit Transfer Scale) et le diplôme de Bachelier sage-femme. Même si la 1re année est commune avec les études d’infirmier, l’étudiant doit indiquer la spécialisation “sage-femme” envisagée dès le début du cursus. Un stage en maternité est au programme dès la 2e année mais c’est surtout en 3e et 4e années que les disciplines obstétricales, biomédicales humaines et sociales sont abordées.
Chaque école est libre d’appliquer ses propres procédures d’inscription selon le calendrier qu’elle aura défini. Il n’est pas possible d’être candidat en 1re année lorsque l’on a déjà effectué 2 années en PACES.
Au Portugal
Les candidats doivent avoir exercé leur profession d’infirmier pendant au moins 2 années avant de présenter leur candidature dans 1 des 3 écoles supérieures en soins infirmiers spécialisés : Porto, Coimbra et Lisbonne. D’ailleurs ici, la sage-femme s'appelle infirmier spécialiste en soins de santé maternelle et obstétrique.
En Espagne
La formation de sage-femme (Matrona) est considérée comme une spécialisation en gynécologie obstétrique qui s’effectue après un diplôme de soins infirmiers (4 ans). Elle dure 2 ans et s’appuie sur une formation très pratique exercée en hôpital. L’accès à cette spécialisation se fait sur concours national. Il existe de nombreux lieux de formation dans des centres accrédités des universités espagnoles.
En Italie
Les études d’“ostetrica” durent 3 ans et se déroulent à l’université. Il existe un numerus clausus à l’entrée de ces filières (736 places en 2016) et l’accès se fait via un test national.
Durée de la formation de sage-femme en Europe
Allemagne : 3 ans ; Autriche : 3 ans, Belgique 4 ou 2 ans, Bulgarie : 4 ans, Croatie : 3 ans, Chypre : 18 mois (réservé aux détenteurs d'un diplôme d'infirmier), Espagne : 2 ans, Estonie : 4 ans et 5 mois, France : 5 ans, Hongrie : 4 ans, Irlande : 4 ans ou 18 mois (réservé aux détenteurs d'un diplôme d'infirmier), Italie : 3 ans (+ 2 ans facultatives dans un programme de niveau Master spécialisé), Luxembourg : 2 ans, Pologne : 3 ans de licence (+ 2 ans de master) ou 18 mois (réservé aux détenteurs d'un diplôme d'infirmier), Portugal : de 18 mois à 24 mois (réservé aux détenteurs d'un diplôme d'infirmier), Roumanie : 3 ans (4 600 h), Slovaquie : 3 ans ou 2 ans, Slovénie : 3 ans (5 400 h), Suède : 18 mois, Suisse : 3 ans (+ parfois 1 an de classe préparatoire) ou 2 ans, Royaume-Uni : 3 ans ou 18 mois (réservé aux détenteurs d'un diplôme d'infirmier).
Source : Etude des régulateurs européens de sages-femmes - 2e édition, Février 2010
Un peu d'histoire
La France fait figure de pionnière en matière de sages-femmes “éduquées” pour remplacer les “matrones accoucheuses”. Après différentes expérimentations pédagogiques, c’est dans l’hexagone qu’est créée, au XIVe siècle, la 1re école hospitalière de sages-femmes en Europe : l’Office des accouchées de l’Hôtel-Dieu de Paris, qui fut, pendant 2 siècles, la plus importante maternité d'Europe. Relayé par la maternité de Turin en 1728, puis par l’école de sages-femmes de Strasbourg (1737) ou par l’Accouchierhaus de Göttingen (1751), ce modèle essaime dans toute l’Europe. En 1823, le royaume des Pays-Bas crée des écoles à Amsterdam et Rotterdam. En 1838, l’université d’Athènes ouvre sa 1re formation pour les sages-femmes à la Maternité publique. Dans les années 1860, on compte une vingtaine d’écoles dans l’Empire austro-hongrois formant plus de 1 000 sages-femmes par an.
Source : Nathalie Sage Pranchère, Les sages-femmes en Europe
Et les hommes ?
Il aura fallu attendre 1982 pour que la formation de sages-femmes soit ouverte aux hommes en France. Ils restent toutefois très minoritaires. On compte 28 932 sages-femmes en France dont 758 hommes, soit 2,6% des “sages-femmes” actives. La Suisse a ouvert la profession aux hommes en 2004 et l’Irlande seulement en 2013.
Source : Conseil national de l’Ordre des sages-femmes au 01/01/2017
Paquerette Grange