La société Visible Patient, qui propose aux chirurgiens des modélisations en 3D des organes, développe actuellement un logiciel pour automatiser ce processus et l’appliquer aux cas d’endométriose. Un projet prometteur.
Depuis 2013, la société strasbourgeoise Visible Patient s’emploie à modéliser des organes de malades. À partir de clichés de scanner et d’IRM transmis par l’équipe soignante, le laboratoire élabore un modèle en 3D et en couleurs. Celui-ci permet ensuite aux médecins de mieux localiser la pathologie, mais aussi d’affiner leurs choix thérapeutiques et de prévoir le geste chirurgical avec précision.
« Tout notre travail est de proposer une interface entre l’humain (en l’occurrence, les soignants) et la machine (ici, l’imagerie médicale) qui permette d’interpréter les informations fournies afin de prendre la meilleure décision. C’est en quelque sorte le même rôle qu’un GPS, mais appliqué à la médecine », explique le Pr Luc Soler, président de Visible Patient.
Intelligence artificielle
Lorsqu’elle est utilisée pour la chirurgie thoracique ou digestive, ou encore en pédiatrie pour opérer notamment des malformations cardiaques, la solution Visible Patient repose sur l’analyse des images par des manipulateurs radio. Un projet d’automatisation de cette lecture-reconstitution est actuellement en cours, ce qui permettra à la modélisation de changer d’échelle et d’être applicable aux patientes atteintes d’endométriose.
C’est en ce sens que l’équipe de Visible Patient développe un logiciel appuyé sur une intelligence artificielle, en partenariat avec le CHU de Strasbourg et la clinique Tivoli de Bordeaux. « Ce projet me tient à cœur parce que l’endométriose touche 10 à 15 % des femmes et que cette pathologie a longtemps été minimisée, explique Luc Soler. Ce sont des situations où il sera particulièrement intéressant de bénéficier d’une localisation précise des tissus et d’une estimation fine de leur envahissement des organes. »
Un prix de la Fondation Force, obtenu en 2022, a permis à Visible Patient d’acquérir un serveur puissant. « Là où il fallait trois semaines à nos machines pour assimiler des données, il ne faut plus désormais que deux jours, se félicite Luc Soler. Aujourd’hui, nous menons des études rétrospectives, c’est-à-dire à partir de cas de patientes déjà opérées pour voir comment Visible Patient aurait pu être utile. Les études prospectives pourront démarrer en septembre. »
Objectif : proposer dès fin 2024 à tous les gynécologues de disposer d’une modélisation 3D pour leurs patientes atteintes d’endométriose.
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Lisette Gries