Un conseil de la vie sociale (CVS) n’est pas qu’une contrainte imposée aux Ehpad : son bon fonctionnement profite autant aux résidents qu’aux établissements.
Instance consultative que chaque Ehpad est tenu d’avoir mis en place, le CVS réunit des représentants des résidents et de leurs proches, mais aussi des membres du personnel et de la direction de l’établissement. Chacun peut y faire remonter des dysfonctionnements ou proposer des idées afin d’envisager collectivement des améliorations dont tous bénéficient. « Le CVS permet aux différents métiers de l’Ehpad d’expliquer leur rôle, leurs façons de travailler, leurs contraintes et les raisons de leurs décisions. Comme les familles ne vivent pas sur place, elles apprennent ainsi à évaluer de façon plus objective les compétences des soignants, donc à mieux identifier l’origine des problèmes, explique Jacques Rastoul, président de l’Inter-CVS 91, association qui regroupe et appuie 82 CVS de l’Essonne. Surtout, ce conseil a un rôle de vigie. Par manque de temps ou parce que les résidents sont parfois trop désorientés pour en parler, les soignants peuvent passer à côté de ces dysfonctionnements. Les proches qui viennent régulièrement ont plus de chance de s’en rendre compte. »
Un rôle de vigie essentiel
Le rôle d’un CVS va donc bien au-delà du recueil de doléances : la direction peut s’appuyer dessus pour améliorer la qualité de ses prestations. Pourtant, même si la loi impose sa mise en place depuis 2002*, certaines résidences n’en sont pas dotées, arguant des difficultés à trouver des candidats pour les animer. « Les usagers ne connaissent que rarement le dispositif, confirme Jacques Rastoul. Mais ce n’est pas une fatalité, plutôt une question de volonté et de méthode. Les directions attendent souvent qu’une personne quitte le CVS, suite à un décès par exemple, pour lui chercher un remplaçant. Or c’est en parlant régulièrement de cette instance, en y invitant une famille, un résident et en montrant les progrès réalisés grâce à elle, qu’on parvient à donner envie de s’y engager. » L’Ehpad Europa de Ballainvilliers, en Essonne, lui, n’a plus à convaincre. Il a continué à réunir son CVS pendant la crise sanitaire, avec des résultats concrets : inquiet de voir l’état des patients se dégrader faute de lien social, le conseil a notamment plaidé pour la réouverture des lieux aux visites malgré les recommandations sanitaires. Même si cela s’accompagnait d’un protocole contraignant, la mesure a permis de soulager les soignants, tout en renforçant la satisfaction des usagers.
Émilie Tran-Phong
* Source LEEM.
