Télé-rééducation, un terme paradoxal ? Utilisée par nécessité pendant le confinement, elle se révèle un outil de suivi supplémentaire en dehors du contexte covid. Exemple en soin de suite et réadaptation à l’Hôpital Léopold Bellan de Paris.

 

 

Dès l’annonce du confinement, l’équipe de l’UMPR (Unité de Médecine Physique et Réadaption), de l’Hôpital Léopold Bellan1 (site Aqueduc, Paris 10e), s’est organisée pour continuer à suivre les nombreux patients qui en avaient besoin, comme le détaille Siméon Bidois, kinésithérapeute : « Nous avions la chance de disposer de quelques outils, puisque nous avons développé un axe d’auto-rééducation, comme une banque d’exercices sur internet, grâce à laquelle kinésithérapeutes et enseignants Apa (Activité physique adaptée) ont pu proposer un programme personnalisé aux patients. Les ergothérapeutes ont également construit leurs propres fiches. »
Très vite, la télé-rééducation a également été proposée aux patients, grâce à l’outil Idomed
2, une plateforme sécurisant le secret médical. Les malades, isolés, parfois en situation post-opératoire (amputation, chirurgie du genou etc.) ont été suivis quotidiennement par les médecins et rééducateurs : ils se filment, parfois une tierce personne les aide ou ils utilisent un grand miroir, pour que l’on puisse suivre les exercices, vérifier l’amplitude d’un mouvement, surveiller une cicatrisation ou un œdème, évaluer la douleur. En cas de doute, le médecin du centre contactait le médecin traitant du patient.

 

Continuité des soins et adaptabilité


Tout en reconnaissant que la pratique ne remplace pas une prise en charge « en chair et en os », Siméon Bidois souligne combien « Les patients ont été contents, rassurés, de maintenir un lien avec le centre, parfois le seul avec l’extérieur. Pour nous, cela a été une autre manière de travailler qui nous a fait évoluer et a resserré les liens dans l’équipe, d’autant que nous avons aussi utilisé Idomed pour des réunions interprofessionnelles. » Outre les difficultés logistiques parfois rencontrées (mauvaise connexion, matériel déficient, appartements exigus et encombrés), les rééducateurs ont adapté les exercices à l’environnement du patient : « Nous entrions un peu dans leur intimité, cela a donné quelques anecdotes cocasses ».  Progressivement, les séances et consultations ont repris à l’hôpital de jour, en alternance avec la télé-rééducation maintenue dans un premier temps. « Aujourd’hui, nous utilisons la base d’exercices du confinement que nous avons fait évoluer. Cela permet d’avoir plus d’armes pour l’auto-rééducation. Et surtout d’avoir une corde supplémentaire à notre arc, car nous n’hésiterons pas à l’utiliser à nouveau. » La crise, accélératrice de pratiques ? « L’un des effets positifs de la crise a en effet été d’accélérer la pratique de la télémédecine, confirme Nicolas Debut, directeur de l’Hôpital Léopold Bellan. Elle nous permettra peut-être de développer plus vite ces outils que l’on n’utilisait pas suffisamment avant ». 

 

1- https://www.bellan.fr
2- Déjà utilisé dans le cadre d’un lancement d’un service de télémédecine par l’Hôpital à destination d’un réseau d’Ehpad. Les consentements des patients ont été préalablement recueillis.

 

 

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