A la découverte des professionnels, acteurs au quotidien de l'hôpital aujourd'hui.
Dans la nuit du 12 au 13 février 2020, de 19h à 6h du matin, nous avons suivi deux équipes de professionnels, rarement mis en avant, mais qui sont un rouage essentiel de l'hôpital. Ces hommes "de l'ombre" : les agents des services sûreté et sécurité incendie de l'Hôtel-Dieu du CHU de Nantes jouent un rôle clé, parce qu'à l'hôpital plus qu'ailleurs, la sécurité des personnes et des biens est primordiale. Reportage en images.
Le service sûreté du CHU de Nantes a été créé en 2004. Il existe peu de services distincts sûreté/sécurité incendie dans les hôpitaux français. La sûreté est souvent confiée à des prestataires extérieurs. A Nantes, le PC sûreté est situé juste à côté des Urgences.
Didier (à gauche) et Yann sont agents de sûreté depuis 10 ans au CHU. Le premier est un ancien militaire dans l'armée de l'air, le second travaillait dans la sécurité incendie dans le privé avant d'entrer au CHU.
Il n'existe pas de formation spécifique pour travailler dans la sûreté hospitalière.
Jonathan, agent de sûreté depuis 2008 au CHU de Nantes est un ancien gendarme.
"On travaille toujours en binôme. Il faut avoir une certaine expérience pour travailler en équipe de nuit. On arrive pas dans ce service à 20 ans."
19h30 : Le binôme Jean-Baptiste et Bruno du service sécurité incendie passe dire bonsoir à l'équipe de nuit au PC sûreté. Jean-Baptiste (à gauche), travaille depuis 4 ans au CHU de Nantes en qualité d'agent sécurité incendie. Il a une formation d'électricien, comme son collègue Bruno (à droite), ici depuis 3 ans et demi. Tous les agents du service sécurité incendie ont un diplôme d'électricien ou de plombier.
20h : Yann et Didier partent pour leur première ronde. "On effectue deux rondes de fermeture puis ensuite c'est aléatoire, selon les nuits : 3 ou 4 rondes ou plus si on nous signale des mouvements suspects, ou si l'on en détecte sur les écrans...".
21h : Freddy (à gauche) est responsable du service sécurité incendie pour cette nuit. Il a rejoint le CHU de Nantes en 2008. Electricien de formation, il a travaillé plusieurs années dans une entreprise de BTP avant d'intégrer ce service.
"On essaye d'arriver une quinzaine de minutes avant pour prendre la relève et échanger avec l'équipe de jour pour indiquer un problème."
Julien est agent de sécurité incendie depuis 6 ans. Il est aussi électricien de formation. "C'est un poste très polyvalent. On touche à beaucoup de choses." Comme au PC sûreté, une personne est toujours présente la nuit pour contrôler les écrans.
Jean-Baptiste et Bruno partent sur un dépannage portail de livraison identifié lors de la ronde de 20h de l'équipe sûreté.
"On intervient du départ de feu à l'intervention de dépannage. Aucune nuit ou journée de travail ne se ressemble.
Ils enchaînent sur une réparation à l'Unité de thérapie cellulaire et génique. Bruno resserre les connexions, pour éviter les vibrations lors de la fermeture d'une porte. Ce type d'équipement est sous garantie un an puis c'est le service sécurité qui prend le relais sur l'entretien.
Le binôme doit ôter les plastrons des armoires électriques des Urgences pour le contrôle annuel prévu demain matin à partir de 6h.
Un agent re-plastronnera demain durant la journée.
"On fait en moyenne 10 km par nuit. Entre les rondes et les dépannages."
23h12 : Appel de la morgue, Yann et Didier vont ouvrir les portes d'accès de la morgue du CHU, institut médico-légal du secteur.
Les pompes funèbres viennent ce soir de Vannes déposer le corps d'une jeune femme qui s'est suicidée.
Minuit : Yann et Didier vont voir si tout va bien au standard de nuit de l'hôpital.
Un bureau isolé, indiqué nulle part. Yvette, Gaëlle et Karine répondent au standard de 20h15 jusqu'à 6h15.
00h30 : Ronde du SAMU pour Jean-Baptiste et Bruno. Suivra la vérification des groupes électrogènes du site de l'Hôtel Dieu.
Cette ronde est assurée chaque nuit.
1h40 : Yann et Didier sont appelés par les Urgences pour canaliser une patiente récalcitrante. Jonathan les rejoint en renfort quelques minutes plus tard pour calmer un patient en traumato.
"La principale difficulté : s'adapter et garder son sang-froid. L'expérience et la maturité sont primordiales" indique Yann.
"On n'est pas formé sur les pathologies. Au début c'est violent. On ne connaît pas les réactions. On nous insulte.
On se blinde. Il faut garder le sourire pour tenir." Jonathan.
"75% de nos interventions se passent aux Urgences. Nous avons comptabilité 2 910 interventions en 2019 (dont 868 maîtrises de personnes) contre 2 488 interventions en 2018". Jonathan.
"C'est prouvé : 3 jour avant et 3 jours après la pleine lune on enregistre plus d'interventions." Didier
La nuit, le rythme ou encore les rapports avec les soignants sont différents.
Les rondes Sud et Est, dans les bâtiments qui accueillent des patients sont faites en début de soirée.
Les rondes des ailes Nord et Sud, sans patient, peuvent être réalisées plus tard dans la nuit pour l'équipe sûreté.
"La nuit l'ambiance est plus familiale. Il y a moins d'effectif, donc on compte encore plus les uns sur les autres.
On se connaît bien, notamment avec les équipes des Urgences."
4h40 : Un coucou à Sébastien et Julien au service sécurité incendie HME (hôpital mère enfant ado).
A partir de 4h, les personnes qui assurent le ménage se succèdent au PC sécurité incendie pour récupérer les clés.
L'astuce contre les coups de pompe : marcher, prendre l'air et boire de l'eau.
6h05 : Fatigué mais toujours le sourire. "C'est un choix de travailler la nuit.
J'aime ce que je fais même si les conditions sont parfois tendues et difficiles." Yann
Zoom sur le site de l'Hôtel-Dieu du CHU de Nantes
Situé au centre de Nantes et à proximité de l'hôpital mère-enfant, l'Hôtel-Dieu compte 827 lits de court séjour médicaux et chirurgicaux. Le Samu, le service des Urgences et le centre 15 sont implantés sur ce site.
Qualifié de complexe hospitalo-universitaire du fait de la proximité des trois facultés de médecine, de pharmacie et d'odontologie, l'Hôtel-Dieu a été mis en service en 1967 et offre une superficie de 122 000 m2.
Reportage Paquerette Grange
Photos Valérie Hue
Un immense merci à Emmanuelle Dubois,
chargée de communication au CHU de Nantes,
qui a rendu ce reportage possible.