L’opération Movember nous a rappelé que le cancer de la prostate fait encore trop de victimes. L’Institut de la prostate du CHU de Reims, unique en France, en a fait son cheval de bataille. Rencontre avec le Pr Stéphane Larré, chef de service d’urologie du CHU de Reims et responsable de l’Institut.

Comment avez-vous eu l’idée de créer l’Institut de la prostate et quel est son but ?
Stéphane Larré :
j’ai exercé plusieurs années à Oxford, au Royaume-Uni, et j’ai vu combien il était utile de regrouper* les savoir-faire pour réaliser des diagnostics plus rapides et donc des traitements plus efficaces. L’Institut a vu le jour officiellement en 2019, mais nous avions déjà commencé à travailler de la sorte en créant une synergie de compétences dans un même lieu où les patients peuvent rencontrer des chirurgiens, des radiothérapeutes, faire des IRM, des biopsies… Plus encore, ils sont accompagnés par des personnels qui ont un certain « savoir-être ». Annoncer la maladie, expliquer les options, laisser le choix au patient, l’entourer… cela fait aussi partie du traitement.

Concrètement, quel est votre fonctionnement ?
S. L. :
Nous recevons des patients adressés par leur généraliste par courrier. Je regarde toutes les demandes et, en fonction des cas, je donne des délais pour les rendez-vous. Les patients voient ensuite tous les professionnels rapidement grâce aux rendez-vous que nous organisons nous-mêmes. Dans le cas précis du cancer de la prostate, « attendre » un mois n’est pas dramatique, car ce dernier progresse lentement. Mais pour le patient qui veut un diagnostic, avoir une réponse en une ou deux semaines sans avoir à courir entre les praticiens, cela représente une vraie différence. Ce savoir-être, nous l’avons acquis avec les années et 9 patients sur 10 se sentent… je ne vais bien sûr pas dire contents, mais au moins rassurés après leur diagnostic.

Voyez-vous le nombre de patients augmenter depuis la création de l’Institut ?
S. L. :
Tout a été perturbé à cause de la Covid. Mais nous savons que notre organisation a permis d'augmenter la prise en charge des patients. Reste que les accès aux blocs opératoires ne sont pas toujours simples à obtenir. Notre équipe couvre en fait tout un territoire, il nous arrive donc souvent de transférer des opérations telles que les adénomes de la prostate ou les calculs rénaux dans les autres hôpitaux voisins comme, à Épernay par exemple. Ce qui nous fait aussi perdre beaucoup de temps c’est que, contrairement à d’autres pays, nos infirmier(e)s ne peuvent pas pratiquer de biopsie de la prostate qui est un geste pourtant très systématisé. Or, certain(e)s, une fois formé(e)s, en seraient tout à fait capables. Là, le législatif ne nous aide pas. Les infirmières de pratiques avancées (IPA) travaillent plutôt sur un accompagnement au long terme. Il faudrait trouver une solution.

Des projets d’expansion ?
S. L. :
Nous avons déjà commencé à nous pencher sur un sujet important : les hématuries (présence de sang dans les urines) qui sont souvent annonciatrices de cancer des reins ou de la vessie. Par exemple, 20% d’entre elles chez les patients de plus de 50 ans sont dues à un cancer. Or, notamment pour celui de la vessie, le facteur temps est crucial. Nous allons donc lancer SOS hématurie, une clinique dédiée à ce sujet, afin que chaque patient ayant du sang dans les urines sache où aller au plus vite afin qu’un bilan soit réalisé.

* L’Institut compte, à ce jour, trois urologues, deux radiothérapeutes, un oncologue, un radiologue référent, un anatomopathologiste référent et une infirmière de coordination.

Propos recueillis par Sophie Caux-Lourié

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Le Pr Stéphane Larré

 

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