Les patientes opérées pour un cancer du sein au Centre Henri-Becquerel de Rouen ont accès à un dispositif innovant. Appelé « Diaspad-CHB », celui-ci leur fait bénéficier d’un suivi hautement coordonné à leur sortie du service de chirurgie ambulatoire. Explications avec le Dr Frédérique Forestier, chirurgienne sénologue en cancérologie, à l’origine de ce réseau.

En mai 2022, vous avez été récompensée pour la création du dispositif infirmier d’accompagnement et de suivi post-ambulatoire à domicile du Centre Henri-Becquerel (CHB) – Diaspad-CHB – par le collectif Femmes de Santé. Pouvez-vous expliquer son fonctionnement ?
Frédérique Forestier : Cette initiative a été lancée à la suite d’un appel à projets de l’INCa (Institut national du cancer) en 2015. Il s’agit d’un outil innovant de prise en charge des patientes opérées pour un cancer du sein en ambulatoire. Son objectif : accroître le taux de chirurgie mammaire ambulatoire en structurant et sécurisant le parcours de soins. Concrètement, il implique le développement de la coopération avec les infirmières coordinatrices pivot et celles en libéral.
Ainsi, en préopératoire, au moment de leur rendez-vous avec l’anesthésiste, les patientes rencontrent l’une des deux infirmières pivot (coordonnatrices de l’unité de chirurgie ambulatoire) qui leur explique la procédure qui sera mise en place. Elles choisissent le professionnel de santé de ville qui viendra les visiter à domicile ou peuvent se faire aider par les infirmières pivot dans leurs recherches. Ensuite, juste après l’opération et durant trois jours, une infirmière libérale vient leur rendre visite à leur domicile. Tout est organisé et étroitement coordonné en amont.

Quels sont les premiers résultats ?
F. F :
Ce projet, inspiré d’un programme développé dans un autre établissement en Normandie, a été testé en fin 2016 et lancé en 2017 au Centre Henri Becquerel (CHB). En 2012, le taux de prises en charge en ambulatoire y plafonnait à près de 40 %. Depuis le lancement du Diaspad-CHB, il atteint 80 à 85 % des opérations pour cancer du sein et de reconstruction mammaire. D’autant que grâce aux progrès des techniques anesthésiques, les patientes sont plus vite autonomisées et ressentent peu ou pas de douleurs post-opératoires. C’est pourquoi nous proposons le dispositif à toutes les futures opérées, hormis aux personnes seules ou présentant des comorbidités trop importantes. À savoir également que nous avons mis en place une ligne téléphonique ouverte 24h/24 aux professionnels comme aux patientes.

Sur quels aspects souhaitez-vous aller plus loin ?
F. F :
Nous avons organisé des journées de sensibilisation au CHB ainsi que des réunions d’information qui ont touché près de 600 infirmiers libéraux. Les bénéfices médicaux de cette prise en charge ne sont plus à démontrer et le taux de satisfaction des patientes est de près de 96 %. Grâce à ce suivi rapproché assuré à domicile, les possibilités s’élargissent à des opérations plus lourdes. En amont, il a fallu faire tomber les freins à l’ambulatoire parmi les équipes. Nous avons réussi ce changement de culture au sein de l’établissement.  À ce jour, près de 1 200 femmes ont bénéficié de ce dispositif, que nous espérons voir se déployer sur d’autres pathologies et d’autres régions. Nous avons récemment reçu une délégation du centre Léon Bérard (Lyon) et communiquons régulièrement sur le dispositif lors de congrès médicaux. Nous créons une formation dédiée, à destination des infirmiers, qui devrait commencer en janvier 2023 sur la plateforme de formation du Centre (IFHB).

Neijma Lechevallier

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