Depuis septembre 2021, une unité mobile rattachée à l’unité parents bébé (UPB) du centre hospitalier de Montfavet (Vaucluse) rayonne dans le département et ses territoires limitrophes. Sa mission : aller vers les futurs parents ou jeunes parents en difficultés. Entretien avec le Dr Catherine Saugues, psychiatre en périnatalité et responsable de l’UPB.

Pouvez-vous présenter cette unité parents-bébé qui a été pionnière en France dans la prise en charge des jeunes parents ? 
Catherine Saugues :
Cette unité de soins conjoints, inscrite au cœur du pôle de psychiatrie infanto-juvénile du centre hospitalier de Montfavet (CHM), est unique dans la région. Elle propose des soins ambulatoires (en CMP) et en hôpital de jour – et depuis peu mobiles – à des parents, futurs parents et bébés. Elle répond aux besoins de soins en psychiatrie périnatale au-delà du territoire desservi par le CHM, dans une approche coordonnée avec les autres professionnels de santé et du médico-social. 

Quels soins sont proposés aux familles ?  
C. S. :
Grâce à une équipe pluriprofessionnelle spécialisée, l’UPB de Montfavet offre une prise en charge qui prend autant en compte la souffrance psychique de l’adulte que le développement du bébé et le repérage de ses manifestations comme signes de difficultés, souffrance ou bien-être. L’attention et le soin portent particulièrement sur l’établissement du lien et le soutien à la mise en place d’interactions précoces ajustées. Les objectifs sont à la fois curatifs et préventifs, pour le parent comme pour le bébé. 

Dans le cadre de l’appel à projets des 1 000 jours lancé par le ministère de la Santé et des Solidarités, vous avez créé une unité mobile. Pourquoi ?  
C. S. :
Dans ce contexte, nous avons obtenu une augmentation de 30 % de nos moyens humains pour nous doter d’une capacité de mobilité intégrée au dispositif existant. Privilégier « l’aller vers » en matière de soins parents-bébé est recommandé depuis les années 1980-1990 dans des études françaises. Plus de 20 % des premiers contacts téléphoniques avec l’UPB restaient auparavant sans suite, sans compter les familles en souffrance qui ne se manifestent pas du tout.  

Quelles sont les familles concernées par ces accompagnements et quel est votre premier bilan depuis la mise en place de l’équipe mobile ? 
C. S.
: Toutes les familles peuvent être concernées. On observe 10 à 15 % de troubles de l’humeur pendant la grossesse. 10 à 20 % de femmes font une dépression du postpartum avec un risque important de suicide – seconde cause de mortalité des femmes durant cette période. Accompagner les parents en difficultés pour s’ajuster et s’accorder à leurs bébés et traiter efficacement les dépressions périnatales permet d’éviter de grandes souffrances, souvent muettes, et des répercussions sur le développement affectif et relationnel des enfants. Du 1er septembre 2021 au 31 décembre 2022, nous avons effectué 515 visites auprès de 80 familles qui n’étaient pas en capacité de se déplacer, pour des raisons diverses allant des difficultés matérielles aux troubles psychiques. 

Quels sont les prochains défis à relever pour répondre aux enjeux de la périnatalité en France ? 
C. S. :
Le travail en réseau est essentiel. Nous menons un travail d’information et de liaison avec les partenaires de soins et institutionnels. Renforcer les dispositifs d’entretien pré- et postnatal précoce, ainsi que les liens entre soins somatiques et psychiques, sont des pistes prioritaires. Nous avons en tant que pionniers une responsabilité vis-à-vis des futures équipes qui écriront l’avenir de la santé mentale et psychiatrie périnatale, et donc de la prochaine génération. 

Propos recueillis par Neijma Lechevallier

 saugues
Dr Catherine Saugues

 

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