Une formation est désormais requise pour accéder au poste essentiel d’assistant de régulation médicale (ARM) dans un Samu-Centres 15. La première promotion de diplômés est arrivée sur le marché en août 2020. Rencontre avec un de ces pionniers.
Sébastien Vallet était ambulancier quand il a entendu parler de la création de la formation d’assistant de régulation, à l’été 2019. Il n’a pas hésité une seconde : « Je souhaitais me reconvertir, explique-t-il. Mon métier me plaisait, mais il était difficile. Je voulais en changer tout en restant dans le secteur des urgences. La profession d’ARM me le permettait. Dès l’ouverture des inscriptions au CHRU de Nancy, j’ai donc envoyé mon dossier. » Tout juste sorti de ses dix mois de formation, il a été embauché par le Samu de Meurthe-et-Moselle. Il a alors pris conscience de ce que lui avait apporté ce diplôme.
S’entraîner à être irréprochable
Les nombreux stages proposés, dans un centre d’appel d’urgences du Samu, mais aussi aux urgences hospitalières, dans un service psychiatrique, dans un établissement médico-social, dans un SMUR ou encore chez les pompiers, lui ont permis d’appréhender la diversité des situations d’urgences. Quant aux cours théoriques, ils permettent d’acquérir des connaissances de base sur les principales pathologies et les signes de gravité à déceler. « J’avais déjà quelques notions, en tant qu’ambulancier, mais ce n’était pas le cas de tous les autres élèves. La plupart provenaient de secteurs éloignés de la santé », note Sébastien Vallet. Par ailleurs, continue-t-il, « nous avons beaucoup travaillé sur des simulations de cas graves et chargés de stress. Cet entraînement nous a permis d’acquérir des automatismes, pour traiter de façon optimale les appels, en toutes circonstances. Avant, les ARM apprenaient surtout sur le tas. Or ce métier nécessite d’être irréprochable. Une erreur peut impacter tout le parcours de prise en charge, donc avoir de graves conséquences pour les patients. »
Un premier maillon essentiel de la chaîne de secours
En 2017, une jeune femme, Naomi Musenga, décédait à cause d’une mauvaise régulation de son appel au 15. Ce drame, très médiatisé, mettait en lumière le manque de professionnalisation du métier d’assistant de régulation médicale. Les ARM jouent pourtant un rôle crucial dans les Samu-Centres 15 : ce sont eux qui décrochent, répondent aux questions, évaluent l’urgence de la situation avant de transférer l’appel à un médecin et de mobiliser les moyens nécessaires à l’envoi de secours. Il fallait renforcer leurs compétences et officialiser leur métier. Le ministère en charge de la Santé a donc décidé de créer une formation diplômante et obligatoire pour l’exercer. Un arrêté du 21 juillet 2019 en précise les contours : 1 470 heures d’enseignement, dont 50 % de cours théoriques et 50 % de stages pratiques, réparties sur une année scolaire. Dix centres de formation des ARM (CFARM) ont été agréés pour les dispenser. Ils pourront diplômer jusqu’à 400 personnes par an, que ce soit dans le cadre de la formation initiale, de la formation continue ou d’une validation des acquis de l’expérience (VAE).
Émilie Tran Phong