Franck Golliot, directeur adjoint à la direction des régions de Santé publique France

 

Que cherchez-vous à démontrer ?


Santé Post Incendie 76 fait partie d’un dispositif com­portant plusieurs études mises en place suite à l’in­cendie des entrepôts de Lubrizol et NL Logistique. Elle va nous permettre de retracer les symptômes et les expositions que la population a pu ressentir pendant l’incendie et les jours suivants. Ce travail va nous permettre aussi d’évaluer l’éventuel impact de cet incendie sur leur qualité de vie à moyen terme. Nous cherchons à mieux connaître l’état de santé tel qu’il est perçu par les personnes. Dans ce type d’incident industriel chimique, on a pour habitude de s’intéresser d’abord à la toxicologie. Mais nous sommes conscients des répercussions pos­sibles sur la santé mentale. Je pense au stress, à l’anxiété, aux dépressions qui peuvent en découler.

 

Le stress généré cette année par le coronavirus ne risque-t-il pas de fausser les résultats de votre enquête ?


L’étude en tient compte et c’est effectivement l’une des difficultés que nous avons travaillée avec les acteurs locaux, le comité d’experts et les épidé­miologistes de l’agence. Au moment de finaliser l’enquête, nous avons identifié une zone témoin située au Havre, qui dispose d’une situation sociale et d’équipements industriels similaires. En menant parallèlement notre enquête sur cette zone, nous devrions ainsi neutraliser « l’effet Covid ».

 

Comment avez-vous procédé ?


Cette étude de grande ampleur sur la santé et la qua­lité de vie répond à un protocole scientifique rigou­reux labellisé par l’Insee. Nos résultats vont entrer dans la statistique publique, d’où nos précautions pour vérifier la qualité de l’échantillon, sa repré­sentativité et un minutieux contrôle sur les données. Nous nous sommes appuyés sur un comité d’experts extérieurs, toxicologues, épidémiologistes rejoints par des spécialistes de la santé mentale, de la qualité de vie et des sciences humaines, les scientifiques de l’agence et les remarques d’un groupe local issu de la société civile.

 

Quelles sont vos perspectives ?


Nous devons collectivement rechercher à mieux anticiper pour mieux accompagner la popula­tion. Nous souhaitons aussi que cette étude très représentative serve de référence pour montrer qu’un incident industriel de cette ampleur ne se résume pas à une exposition à des substances toxiques. Il y a bien d’autres effets liés à la qualité de vie qu’il convient à l’avenir de mieux prendre en compte dès le début. Ce travail doit nous permettre d’améliorer la préparation des plans de réponse pour de futurs accidents.
Au-delà de la gestion des prises en charge dans l’urgence, nous devons travailler sur l’intégration de cette phase post-accidentelle qui peut durer des mois voire des années. Nous avons conscience qu’il ne faut rien négliger, et le dispositif que nous mettons en place a pour objectif d’y répondre.

 

Propos recueillis par Laurence Mauduit

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