Titulaire d’un diplôme des Beaux-Arts puis intermittente du spectacle, Clarisse Robert s’est reconvertie après avoir suivi une formation de médiatrice artistique en relation d’aide. Elle travaille à l’Ehpad Léopold Bellan de Romainville (93) et dans d’autres structures de soins ou du secteur social.
Les animateurs et animatrices contribuent à prendre soin des résidents en insufflant de la vie dans les Ehpad. Clarisse Robert s’active entre ateliers et rires pour créer de nouvelles attentes chez les résidents qu’elle accompagne au quotidien.
Comment se déroulent vos journées ?
Clarisse Robert : Je travaille avec une collègue au parcours similaire, notre parcours de création nous a rendues inventives pour créer des projets stimulants, à visée thérapeutique. Nous disposons de beaucoup d’autonomie et de moyens et proposons des activités régulières et variées : atelier couture, terre et modelage, arts plastiques… car beaucoup de résidents, très manuels, ont besoin de se réaliser dans les praxies et la motricité. Nous menons des activités classiques (jeux de société, mots fléchés), un atelier contes qui permet la rêverie, mais aussi de retrouver une parole, des repères et du lien pour des personnes sujettes à des visions, qui ne sont plus dans le réel. Nous montons des projets partenariaux : atelier menuiserie avec une collecterie, intergénérationnel autour du récit, des costumes et du théâtre avec une crèche, une école et des comédiennes…
Qu’est-ce que vous appréciez dans votre métier ?
C. R. : À l’extérieur, l’Ehpad fait peur, il est souvent perçu comme un lieu de fin de vie et à son arrivée, le résident peut le vivre comme une série de pertes. Étonnamment, je ne le perçois pas ainsi : mes journées ne se ressemblent pas, je ris beaucoup, je suis très heureuse de venir travailler et de ce que l’on me renvoie. J’essaie d’accompagner les personnes pour soulager le quotidien et apporter de l’espoir : la vie continue, même ici.
En donnant du sens à leurs journées ?
C. R. : En les faisant se projeter. Le lien social est le coeur de notre métier qui doit s’insérer dans le projet d’accompagnement de la personne. C’est pour cela que la fédération de l’équipe pluridisciplinaire est importante. Une toilette n’est pas une fin en soi, elle répond à un besoin du résident, mais nous avons d’autres missions et le résident doit avoir d’autres attentes. S’ils les ont perdues, nous devons les aider à les retrouver.
Suzanne Nemo