Une réforme utile, mais un bilan mitigé
Dans son rapport publié en juillet dernier, la Cour des comptes confirme les progrès significatifs réalisés en termes d’accès aux soins grâce à la réforme 100% santé. Mais ces avancées restent inégales selon les secteurs concernés par le dispositif : dentaire, audiologie et optique. Jean-Pascal Pradel, Président délégué de la MNH, nous livre son point de vue.
L’ambition du 100% santé est simple : permettre le remboursement intégral d’un certain nombre d’aides auditives, de lunettes de vue et de prothèses dentaires. Ce niveau de prise en charge est assuré par la Sécurité sociale et les assurances maladie complémentaires. Il est combiné à un plafonnement des prix des biens et tarifs des actes concernés. « À fin 2021, nous pouvons considérer que le 100% santé contribue à lutter contre le renoncement aux soins, mais cela reste perfectible », entame Jean-Pascal Pradel.
Un contrat partiellement rempli
En effet, les résultats sont indéniablement positifs en soins dentaires et en audiologie. Dans le secteur dentaire, le panier sans reste à charge concerne 55% des actes prothétiques réalisés, et le nombre de patients a considérablement augmenté en 20211. En audiologie, le panier sans reste à charge représente, quant à lui, 40% des aides auditives et se conjugue aussi avec une forte hausse du nombre de patients. En revanche, en optique, le panier sans reste à charge demeure très peu choisi. Il n’est sollicité que pour 5% des montures et 7% des verres. Par ailleurs, selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), en 2021, seuls 53% des personnes interrogées répondaient la connaître2.
Des dépenses à la hausse qui bousculent les équilibres des complémentaires santé
Le financement de la réforme est porté par les professionnels de santé, qui ont accepté de revoir leurs marges sur les prestations incluses dans le panier de soins 100% santé. Le régime général prend également en charge une part des dépenses. « Mais l’effort a été, d’abord et avant tout, consenti par les complémentaires santé, dont font partie les mutuelles, aux côtés des assureurs et des institutions de prévoyance », détaille Jean-Pascal Pradel. « À fin 2021, le surcoût lié au 100% santé a représenté 27 millions d’euros pour la MNH. Nous l’avions initialement estimé à 20 millions par an. »
Alors, « effet d’aubaine » qui entraîne une augmentation de la consommation de soins, ou tendance durable ? Cela reste difficile à savoir, d'autant plus que la pandémie de Covid-19 a bousculé la mise en place du dispositif. « Ce qui est certain, c’est que la mutualité n’a pas attendu cette réforme pour être économiquement responsable et solidaire. Ce modèle est promu depuis la création du mouvement mutualiste, et le 100% santé le renforce encore », conclut Jean-Pascal Pradel.
Nadège Audegond
1Rapport de la Cour des comptes « La réforme du 100% santé », juillet 2022 – https://www.ccomptes.fr/fr/publications/la-reforme-du-100-sante
2Étude de la Dress, « 100 % santé : fin 2021, un peu plus de la moitié des Français en ont entendu parler », juillet 2022 – https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-communique-de-presse/etudes-et-resultats/100-sante-fin-2021-un-peu-plus-de-la-moitie